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C’est une seconde manche judiciaire qui s’engage dans l’affaire qui oppose depuis plus de deux ans la France, la Russie et aux Etats-Unis, sur fond d’espionnage, de piratages informatiques et de fortes tensions diplomatiques. Le parquet de Paris a demandé un procès en correctionnelle pour Alexander Vinnik, un Russe soupçonné de vastes escroqueries au bitcoin et au cœur d’un bras de fer diplomatique et judiciaire.
Réclamé par les justices de ces trois pays, cet homme de 40 ans, arrêté en Grèce en 2017, a finalement été remis fin janvier aux autorités judiciaires françaises, qui enquêtaient sur lui depuis 2016, à l’issue d’une longue bataille procédurale.
Dans son réquisitoire définitif daté du 29 juin, le parquet a demandé qu’il soit jugé pour extorsion et tentative d’extorsion, blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un délit passible de dix ans d’emprisonnement, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès du ministère public. Il veut aussi qu’il comparaisse pour s’être introduit frauduleusement dans des systèmes de traitement automatisé de données et y avoir entré ou modifié des données, et a requis son maintien en détention provisoire.
M. Vinnik, qui rejette les accusations portées contre lui, est notamment soupçonné par la justice française d’être derrière le rançongiciel Locky, dont ont été victimes plusieurs dizaines de particuliers, collectivités et entreprises entre 2016 et 2018. Ce logiciel malveillant, qui bloque et crypte les données et ne les débloque que contre paiement d’une rançon, aurait occasionné un préjudice estimé, en 2018, à environ 135 millions d’euros.
Il revient désormais aux juges d’instruction de décider de le renvoyer ou non devant le tribunal. Contactée par l’AFP, son avocate en France s’est refusée à tout commentaire.
Vingt et un chefs d’inculpation aux Etats-Unis
Le ressortissant russe avait été arrêté dans une station touristique du nord de la Grèce en juillet 2017, sur la base d’un mandat d’arrêt américain. En janvier de la même année, un procureur fédéral américain avait en effet prononcé 21 chefs d’inculpation à son encontre, alors que M. Vinnik était soupçonné par les Etats-Unis d’être le cerveau de BTC-e, une des principales plates-formes d’échange de bitcoin dans le monde jusqu’à sa fermeture.
Concrètement, une énorme lessiveuse pour argent sale utilisée depuis 2011 par divers malfrats (pirates informatiques, usurpateurs d’identité, trafiquants de drogue) à hauteur de 9 milliards de dollars (8,2 milliards d’euros). Le Russe encourt, aux Etats-Unis, plus de cinquante ans de prison.
« Grâce aux efforts de M. Vinnik, BTC-e a émergé comme l’un des principaux moyens par lesquels les cybercriminels à travers le monde blanchissaient les produits de leur activité illicite », a écrit le procureur américain Brian Stretch dans son acte d’accusation, consulté par l’AFP.
« BTC-e facilitait les crimes, y compris le piratage informatique et les rançongiciels, les fraudes, le vol d’identité, les schémas frauduleux de remboursement de taxes, la corruption d’agent public et le trafic de drogue. »
De leur côté, les services de la police financière du Trésor américain, FinCen, avaient condamné civilement BTC-e à payer une amende de 110 millions de dollars. Vinnik lui-même avait écopé d’une amende de 12 millions de dollars.
Tractations diplomatiques
Aussi réclamé par la justice française, qui avait émis un mandat d’arrêt européen en 2018, et Moscou, M. Vinnik demandait à être extradé vers la Russie, où il est poursuivi pour une escroquerie de 9 500 euros, sans commune mesure avec l’affaire BTC-e. Mais le mandat européen ayant priorité pour la Grèce, il a fini par être remis aux autorités françaises, qui l’ont aussitôt mis en examen et écroué, le plaçant à l’isolement.
Depuis, il fait l’objet d’intenses tractations diplomatiques. Selon plusieurs médias, les autorités américaines souhaiteraient aussi l’entendre sur les ingérences de la Russie dans la campagne présidentielle américaine de 2016, qui auraient été commises notamment à l’aide de hackers.
L’Express a rapporté que le patron du FBI s’était rendu à Paris en janvier pour faire en sorte que les Américains « récupèrent Vinnik une fois le processus judiciaire terminé pour lui sur le sol français ». De son côté, la Russie a demandé à plusieurs reprises son extradition auprès du Quai d’Orsay, sans succès.
Sa défense ne cesse pour sa part de dénoncer une affaire « politique ». Devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, en février dernier, son avocate grecque, Zoe Konstantopoulou, avait estimé qu’il était « demandé par les Etats-Unis pour être utilisé comme une arme contre son pays », soulignant qu’il possédait des connaissances technologiques très pointues, notamment sur la blockchain. En avril dernier, son avocat russe, Timofeï Moussatov, est décédé. Selon des médias russes, il aurait trébuché dans un escalier.
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