Le pape François prêche la « réconciliation » au Mozambique

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En visite dans ce pays qui tente de surmonter les séquelles de la guerre civile, le souverain pontife a appelé à se détourner de la loi du talion pour construire la paix.

Par Publié aujourd’hui à 17h00

Temps de Lecture 4 min.

Lors de la messe papale au stade de Zimpeto de Maputo, au Mozambique, le 6 septembre 2019.
Lors de la messe papale au stade de Zimpeto de Maputo, au Mozambique, le 6 septembre 2019. Mike Hutchings / REUTERS

« Réconciliation ! Réconciliation ! » Le mot d’ordre jaillit encore et encore des bouches des quelque six mille jeunes Mozambicains de différentes confessions religieuses réunis dans le stade Maxaquene, à Maputo. Jeudi matin 5 septembre, au premier jour de sa visite au Mozambique, le pape François a trouvé en eux des porte-voix coopératifs et enthousiastes pour servir le thème choisi pour sa venue dans ce pays africain classé parmi les plus pauvres et qui essaie de surmonter les profondes séquelles laissées par une guerre civile destructrice.

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Le voyage du chef de l’Eglise catholique se veut un encouragement à construire un avenir débarrassé de la menace des affrontements armés sporadiques qui, depuis le premier accord de paix signé en 1992, pèse sur le pays. Un nouvel accord a été signé début août entre le pouvoir, aux mains du Frelimo (Front de libération du Mozambique), et Ossufo Momade, le chef de la Renamo (Résistance nationale mozambicaine), ex-guérilla devenue opposition mais qui n’avait pas complètement désarmé après la fin de la guerre civile.

Aux côtés de représentants musulmans, chrétiens, hindouistes, le pape a assisté à un petit spectacle donné par des jeunes de ces différentes traditions. « Enfin réconciliés, nous construisons le Mozambique ! », lance un représentant du conseil national des religions. « Restez unis, indépendamment de ce qui peut vous différencier, leur a demandé le pape. Rêvez avec d’autres, jamais contre les autres. »

« Empêcher une lutte fratricide »

La veille au soir, témoignant d’une vraie attente, des milliers de Mozambicains massés dans les rues avaient fait fête au pontife argentin, à son arrivée à Maputo, sous des panneaux publicitaires numériques géants appelant, ça et là, à réélire le 15 octobre le président Filipe Nyusi. Jeudi, son premier rendez-vous était justement pour les responsables politiques, qui se préparent à ces élections générales considérées comme un test pour la durabilité du nouvel accord de paix. Dans le palais de style colonial de Ponta Vermelha, autorités politiques au pouvoir et représentants de la Renamo se côtoyaient. François a pris soin de saluer son président, Ossufo Momade, à la fin de la réception protocolaire.

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Auparavant, accueillant son hôte, à qui il avait rendu visite à Rome en début d’année, seul le président s’est exprimé, conformément aux règles du protocole. Il a affirmé sa volonté de « construire une nation où la non-violence est vécue par tous ». « Parfois, nous laissons la diversité prendre le dessus », a reconnu le chef de l’Etat. Il a aussi évoqué les « malfaiteurs » – des groupes se revendiquant d’un islam radical – qui mènent depuis deux ans des incursions meurtrières dans la province septentrionale de Cabo Delgado. Puis il a appelé à « réconcilier, cultiver la confiance dans la diversité », avant de prononcer la célèbre prière de François d’Asssise : « Fais de moi un instrument de ta paix. »

Le pape a appelé son auditoire à « la paix » et à « la réconciliation », indispensables pour « empêcher que la manière d’écrire l’histoire ne soit une lutte fratricide ». Alors que d’énormes gisements de gaz devraient faire du Mozambique dans les années à venir l’un des premiers exportateurs, François a demandé aux dirigeants du pays de veiller à mettre les richesses « au service de tous, surtout des plus pauvres ». Il les a aussi appelés à se tenir à l’écart de la « tendance au pillage et à la spoliation ».

Se détourner de la loi du talion

Le chef de l’Eglise catholique a enfin rencontré des prêtres et des religieux mozambicains dans la cathédrale de l’Immaculée Conception. Il a commencé à répondre aux questions que fait naître, en Afrique comme sur d’autres continents, la concurrence des Eglises pentecôtistes ou d’autres mouvances néoprotestantes. François n’a pas abordé directement la question, mais il s’est exprimé sur le sentiment de certains membres du clergé de ne pas toujours trouver de réponses aux problèmes qu’ils rencontrent. « Les temps changent et nous devons reconnaître que, bien des fois, nous ne savons pas comment nous insérer dans de nouvelles situations (…). Au lieu d’annoncer la Bonne Nouvelle, ce que nous annonçons, c’est quelque chose de blafard qui n’attire ni n’enflamme le cœur de personne », a-t-il résumé, parlant même d’une « crise d’identité sacerdotale ».

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Le pape François a achevé son cycle de discours sur la paix et la réconciliation vendredi matin, lors d’une messe dans le stade de Zimpeto, juste avant de quitter le Mozambique pour Madagascar. Dans un froid humide, plus de 40 000 personnes l’ont accueilli avec ferveur, souvent revêtues d’étoffes à son effigie. Le souverain pontife a exhorté les Mozambicains, dans son homélie, à se détourner de la loi du talion – œil pour œil, dent pour dent – pour pouvoir construire la paix.

« Aucune famille, aucun groupe de voisins ni aucune ethnie, encore moins aucun pays n’a d’avenir, si le moteur qui unit, agrège et couvre les différences ce sont la vengeance et la haine. Nous ne pouvons pas nous mettre d’accord et nous unir pour nous venger, pour perpétrer contre celui qui a été violent ce qu’il nous a fait, pour planifier des occasions de représailles sous des formes apparemment légales, a-t-il fait valoir. Surmonter les temps de division et de violence suppose non seulement un acte de réconciliation ou bien la paix comprise comme absence de conflit, mais aussi l’engagement quotidien de chacun d’entre nous d’avoir un œil attentif et actif qui nous conduit à traiter les autres avec cette miséricorde et cette bonté avec lesquelles nous voudrions être traités ».

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