le panier de crabes du Svalbard

0
159

[ad_1]

Guillaume Baviere / (CC BY-SA 2.0)

Par Olivier Truc

Proche du pôle Nord, l’archipel prolonge, depuis son rattachement à la Norvège, un bras de fer avec la Russie, auquel se sont ajoutées des tensions avec l’Union européenne. Sur fond de discorde née de la pêche au crabe, apparaît notamment l’enjeu lucratif des ressources en pétrole et en gaz.

Marin et marchand, Ottar av Lenvik est parti vers les années 800 pour le Grand Nord, arrivant sur les bords de la mer Blanche, cette côte septentrionale de ce qui n’était pas encore la Russie. Dans le récit qu’il ramène, Ottar note que la région est habitée, et que « nous ne devrions pas y venir, par crainte des conflits ». Il s’agit sans doute de la première fois qu’un Norvégien exprime son inquiétude pour ces voisins du nord. Et du premier expert en géopolitique de la région. Ottar n’était pas allé jusqu’au Svalbard, mais il avait bien pressenti ce qui allait se jouer.

Aujourd’hui, à ces rugueux voisins se sont agrégés les Chinois, les scientifiques, les touristes… et les crabes. Et force est de constater qu’Ottar avait bien raison. Plus d’un millénaire après le Viking géopolitologue, nous voilà à bord d’un navire, le M/S Polargirl, qui a quitté Longyearbyen quelques heures auparavant. Longyearbyen, capitale de facto, avec ses 2 200 habitants, de cet archipel du Svalbard grand comme les régions Bourgogne et Provence-Alpes-Côte d’Azur réunies, doté d’une surface maritime de quelque 800 000 km2, non loin du pôle Nord. Et qui compte pour toute population 2 700 habitants répartis sur quatre communes. Les centaines de sommets pointus qui nous entourent sont striés de coulées de neige. Seuls ceux face à Longyearbyen semblent avoir été rabotés par les nuages.

Casse-tête diplomatiques

En 1920, lors de la conférence de Paris où se négocient les accords de paix après la fin de la première guerre mondiale, la Norvège obtient la souveraineté sur l’archipel, déclaré zone démilitarisée, à condition que les citoyens des Etats signataires, une quarantaine dont la France, aient le droit d’en exploiter les ressources naturelles « sur un pied d’égalité absolue » avec les Norvégiens. Ce qui marqua le début d’une série de casse-tête diplomatiques sans fin.

Le Polargirl emmène quelques visiteurs. Il a traversé le fjord pour venir se frotter au glacier Esmark, qui paraissait si proche vu de Longyearbyen. Les glaciers de l’archipel, en net recul, perdent en épaisseur de 60 cm à 70 cm par an, contribuant aujourd’hui à l’élévation du niveau de la mer. Les responsables politiques de toute la planète viennent s’y faire photographier, preuve de leur intérêt pour le réchauffement climatique. Le Polargirl traverse à nouveau le fjord, vers son ouverture à la haute mer. Le remous s’en ressent. Une cité émerge, vision improbable dans cet environnement arctique. Des immeubles fraîchement repeints aux couleurs gaies, une statue de Lénine, des slogans de l’époque communiste… Barentsburg, cité minière russe, deuxième ville de l’archipel. « Les Norvégiens doivent se mordre les doigts d’avoir permis aux Soviétiques d’ouvrir une mine ici », s’amuse le guide russe, qui parle un norvégien parfait.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: