« Le Nobel du déshonneur » à Peter Handke

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Dans une tribune au « Monde », les auteurs Sylvie Matton et Olivier Py s’élèvent contre l’attribution du prix Nobel de littérature à l’écrivain autrichien Peter Handke. Pourquoi récompenser un romancier qui relativise les crimes commis par et au nom du nationalisme serbe pendant la guerre en ex-Yougoslavie ?

Publié aujourd’hui à 17h08, mis à jour à 17h23 Temps de Lecture 4 min.

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« Certains argueront qu’il faut distinguer l’homme de l’œuvre, or il se trouve que l’œuvre de Handke n’est pas exempte, loin s’en faut, de ses engagements politiques »(Photo: Peter Handke à Chaville, le 10 octobre).
« Certains argueront qu’il faut distinguer l’homme de l’œuvre, or il se trouve que l’œuvre de Handke n’est pas exempte, loin s’en faut, de ses engagements politiques »(Photo: Peter Handke à Chaville, le 10 octobre). ALAIN JOCARD / AFP

Tribune. Le prix Nobel de littérature 2019 a été décerné à Peter Handke en ce 10 octobre, sidérant ceux qui ont lutté contre le nationalisme serbe dès les années 1990. Dans le même temps, de nombreuses voix s’élevaient en Bosnie et au Kosovo contre cette attribution, tandis que d’autres exultaient en Serbie.

Même s’il se joue des mots afin d’exprimer ses doutes face à la réalité, la position de Peter Handke, avant, pendant et après la guerre de Bosnie, est sans ambiguïté : ses textes sont nombreux qui relativisent, justifient et avalisent les crimes de Milosevic, jusqu’à son Voyage hivernal vers le Danube, la Save, la Morava et la Drina (Gallimard, 1996), modèle édifiant de révisionnisme.

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Ainsi, quand Handke requiert une « justice pour la Serbie », il n’hésite pas à demander, paraphrasant la défense des criminels inculpés : « Qui sont les agresseurs ? » Il décrit la région de Srebrenica, gorgée de charniers, dans laquelle il se promène une petite année après les massacres, comme « paisible et belle ». Il lui semble que « quelque chose a pu se produire », mais il doute et préfère écouter, dans un songe bucolique, les oiseaux et le ruissellement des sources. Relativisme ou négationnisme ?

Victimisation de l’agresseur

Dans les faits, le nationalisme serbe est à l’origine des guerres de Milosevic en Slovénie, en Croatie, en Bosnie et au Kosovo. La « purification ethnique » et ses atrocités en furent l’idéologie, eugéniste et génocidaire, comme l’Europe n’en avait pas connu depuis la seconde guerre mondiale. Après un « nettoyage ethnique » organisé depuis Belgrade, qui ravageait la Bosnie dès le printemps 1992, le nationalisme serbe a culminé dans les massacres de l’enclave de Srebrenica.

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Sous le regard des témoins et des satellites, dans le brouhaha des écoutes et des appels à l’aide désespérés de nombreuses chancelleries, plus de 8 000 hommes (et femmes) de la zone de sécurité onusienne ont été exécutés en quelques jours. La guerre de Bosnie a vu naître un modèle nouveau de nationalisme, de populisme et de discours racistes, avant que ses organisateurs soient condamnés par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougos­lavie (TPIY). Seul Milosevic fut exempté de la sentence finale, car mort par absorption délibérée d’un antibiotique (prescrit en cas de peste et de tuberculose) qui annulait l’effet des traitements prescrits pour son hypertension.

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