Le Nigeria face au risque d’une « décennie perdue »

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Depuis deux ans, la croissance est repartie mais pas suffisamment pour réduire un chômage qui touche plus de la moitié des 15-35 ans.

Par Marie de Vergès Publié aujourd’hui à 10h45, mis à jour à 10h45

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Marché d’Idumotade à Lagos, au Nigeria, le 11 février 2019.
Marché d’Idumotade à Lagos, au Nigeria, le 11 février 2019. NYANCHO NWANRI / REUTERS

Pays le plus peuplé d’Afrique ; premier producteur de pétrole du continent ; principale économie africaine au coude-à-coude avec l’Afrique du Sud : le Nigeria est le pays de tous les superlatifs. Il en va de même pour les défis, gigantesques, auxquels sera confronté le vainqueur de l’élection présidentielle du samedi 16 février. Le scrutin devrait départager le président sortant, Muhammadu Buhari, et le richissime homme d’affaires Atiku Abubakar, chef de l’opposition et ancien vice-président (1999-2007).

« Celui qui sera élu héritera d’une économie très mal en point », résume dans une note John Ashbourne, spécialiste du Nigeria chez Capital Economics. De fait, les stigmates de la crise provoquée par la chute vertigineuse des prix du pétrole, entre 2014 et 2016, sont loin d’être effacés. Depuis deux ans, la croissance est repartie mais reste anémique. Elle s’est établie à 1,9 % en 2018 selon les statistiques officielles. Un taux inférieur à celui de la croissance démographique. Résultat, « le revenu par habitant régresse depuis presque quatre ans », souligne John Ashbourne.

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Dans ce pays de quelque 190 millions d’habitants – dont la population devrait doubler d’ici à 2050 –, le nombre d’actifs grossit chaque année de 3 %. Pour réduire un chômage qui touche un quart de la population active – et même plus de la moitié des 15-35 ans – il faudrait que le produit intérieur brut (PIB) progresse annuellement de 6 % à 8 %. Or en 2019, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une expansion de 2 % seulement. Cette reprise poussive, sur fond d’inflation élevée, ne peut enrayer la spirale de l’extrême pauvreté. Selon la Banque mondiale, le Nigeria est en train de dépasser l’Inde pour devenir le pays abritant le plus grand nombre de personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour.

Le pays demeure ultra-dépendant du pétrole

« Quand la croissance était élevée et l’afro-optimisme à la mode, on se félicitait de la jeunesse du Nigeria en prédisant l’émergence d’une classe moyenne qui deviendrait une nouvelle classe de consommateurs, rappelle Ruben Nizard, économiste spécialiste de l’Afrique subsaharienne à la Coface. Maintenant, le sentiment a changé et cette démographie est perçue comme une bombe à retardement. »

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A moins d’une nouvelle donne, le géant d’Afrique de l’Ouest se trouve face au risque d’une « décennie perdue », alertait la Brookings Institution, un think tank de Washington, dans un rapport publié en janvier. Un destin qui, pour être évité, suppose de vastes réformes visant à réduire son addiction au pétrole en diversifiant l’économie, insiste le chercheur Brahima Coulibaly, auteur de la note. Car le Nigeria demeure ultra-dépendant de l’or noir, qui représente plus de 90 % de ses exportations et les deux-tiers de ses recettes budgétaires.

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