« Le “New York Times” s’interdit tout débat »

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Dans sa chronique, Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », revient sur la décision du quotidien américain de supprimer les dessins de presse de son édition internationale.

Publié le 21 juin 2019 à 00h09 Temps de Lecture 4 min.

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Le siège du « New York Times », à New York, le 15 juin.
Le siège du « New York Times », à New York, le 15 juin. ANGELA WEISS / AFP

C’est un dessin de presse qui provoque un cataclysme mondial. Le 25 avril, le New York Times publie dans son édition internationale l’image d’un homme aveugle que son chien mène par le bout de la laisse. L’homme est le président des Etats-Unis Donald Trump, il porte des lunettes noires et une kippa. Le chien a la tête du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, avec une étoile de David sur le collier.

Dessin antisémite ! ont aussitôt dénoncé Trump et son entourage, des voix en Israël, des lecteurs, les réseaux sociaux. Le New York Times envoie alors un bouquet d’excuses, y compris à Israël, promet une formation en interne sur les « préjugés inconscients », va revoir son protocole de publication.

Mais le 10 juin, le journal va plus loin : toute caricature politique sera bientôt supprimée de son édition internationale, éjectant au passage deux dessinateurs maison. Comme il n’en publie quasiment pas dans son édition nationale, les goûtant peu, autant dire qu’un genre journalistique remarquable est banni du quotidien le plus prestigieux au monde.

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L’auteur du dessin est Antonio Moreira Antunes, 66 ans, qui travaille à Expresso, réputé journal portugais – le New York Times a acheté la caricature à une banque d’illustrations. C’est un auteur chevronné, maintes fois primé mais qui aime provoquer ; en 1992, il a affublé le pape Jean-Paul II d’un préservatif sur le nez.

Une attitude inédite

Allez voir le dessin sur Internet, faites votre opinion. Selon nous, il n’est pas bon. La kippa et l’étoile de David sont de trop, animaliser une personnalité est problématique. Mais tout cela n’en fait pas un dessin antisémite.

C’est aussi l’avis de Plantu, du Monde, qui défend un dessin qu’il n’aurait pas fait, et celui du Suisse Patrick Chappatte, qui publie dans de nombreux journaux, dont le New York Times, et pour qui « un dessin peut être féroce s’il vise juste, ce qui n’est pas le cas ici ».

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Un dessin problématique, c’est courant. L’attitude du New York Times, en revanche, est inédite. Ce journal s’interdit tout débat sur le sujet alors que ses lecteurs et d’autres journaux, y compris en Israël, sont très partagés.

En fait, celui qui a donné le ton dans le quotidien new-yorkais est son chroniqueur de droite Bret Stephens. Dans un texte très dur du 28 avril, il dit que ce dessin est antisémite, mais aussi qu’il s’inscrit dans la continuité de la « couverture » de Nétanyahou et de Trump par son journal – des diables – et qu’il est symptomatique d’une époque où « l’antisionisme est pratiquement impossible à distinguer de l’antisémitisme ». Il tacle encore son employeur qui, d’un côté, publie ce dessin et, de l’autre, s’indigne à la moindre « microagression » raciste dont sont victimes des communautés (Noirs, femmes, etc.).

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