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Une quarantaine de kilomètres d’autoroute hors de prix dans un des paysages les plus accidentés et les plus magnifiques d’Europe sont brutalement devenus un enjeu géopolitique majeur entre l’Union européenne (UE) et la Chine. Toujours en construction au cœur du Monténégro, petit pays des Balkans candidat à l’adhésion à l’UE, une section de l’axe devant – à terme – relier la côte méditerranéenne touristique à la Serbie, au nord, en passant par la capitale, Podgorica, « place notre pays dans une situation très difficile », alerte, dans un entretien au Monde réalisé mercredi 14 avril, le vice-premier ministre monténégrin, Dritan Abazovic. Celui-ci demande « un arrangement financier » à Bruxelles pour l’aider à rembourser le crédit de 800 millions d’euros contracté en 2014 par le gouvernement précédent auprès d’une banque chinoise.
« Nous sommes un petit pays de 600 000 habitants assez pauvre et très dépendant du tourisme. Pour nous, il est impossible de rembourser cet argent vu la situation actuelle due au Covid. La dernière saison a été perdue et nous ne savons pas comment sera la prochaine », explique cet ancien activiste anticorruption de 35 ans, devenu subitement vice-premier en décembre 2020 à la faveur d’une coalition inédite et fragile ralliant son parti pro-européen et des formations pro-serbes, pour renverser le parti de Milo Djukanovic, l’homme fort du Monténégro depuis son indépendance, en 2006. Malgré de multiples scandales de corruption, ce dernier est toujours président.
« 26 millions d’euros par kilomètre »
En raison de la récession consécutive à l’épidémie, l’endettement du Monténégro a atteint 104,8 % du PIB en 2020. Environ un quart de cette dette est détenu par la Chine, depuis que M. Djukanovic a signé avec la banque China Exim Bank un accord pour financer cette section d’autoroute. Selon le modèle classique des projets financés par Pékin, la construction a été confiée à la China Road and Bridge Corporation, une entreprise d’Etat chinoise, et réalisée en grande partie par des travailleurs chinois. Le chantier a pris du retard et ne devrait pas être fini avant fin 2021, mais le contrat prévoit que le Monténégro commence à rembourser dès juillet prochain, avec environ 66 millions d’euros d’échéance annuelle pendant les quatorze prochaines années.
Même s’il reconnaît que cela est en partie dû à la nature géologique du parcours, par ailleurs environnementalement très contesté parce qu’il passe par la sublime vallée de la Tara, « nous aurons une des autoroutes les plus chères du monde, à 26 millions d’euros par kilomètre », dénonce M. Abazovic. « Aucune des dates de fin de chantier prévues n’a été respectée, mais les Chinois nous disent que c’est de notre faute car on n’aurait pas donné toutes les autorisations », assure-t-il. Selon M. Abazovic, l’accord prévoit que la Chine puisse demander le remboursement immédiat du crédit à n’importe quel moment, demander des terres en compensation en cas de défaut, et fait de la justice chinoise la seule instance d’arbitrage en cas de conflit. « L’ancien gouvernement était vraiment irresponsable et maintenant nous devons payer pour ces mauvaises décisions. »
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