Le monde à l’envers !

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L’homme a soigneusement choisi sa victime, il pointe son pistolet sur l’enfant et lui tire une balle en plein cœur !

Cet homme, me direz-vous, est un criminel et un danger pour la société. Il mérite de répondre de ses actes devant la Justice.

PEU IMPORTE CE QUE CET HOMME A VÉCU DANS SON ENFANCE OU SON ADOLESCENCE, son acte dans l’ici et maintenant est inacceptable. Il a commis un crime. Il est Hors la Loi. Cet homme sera jugé, fera de la prison et nous l’espérons suivra un programme de réhabilitation, un long suivi thérapeutique pour ne plus être un danger pour la société.

L’auteur de violences sexuelles, le pédocriminel, c’est cet homme mais son arme à lui n’est pas un pistolet mais c’est son sexe, ses mains, sa bouche, les objets qu’il va utiliser, ses paroles aussi. Les violences sexuelles sont invisibles mais elles sont un meurtre psychique.

Souvent les pédocriminels justifient leurs actes en pensant ou en disant qu’ils aiment les enfants. Il n’y a pas d’Amour dans les violences sexuelles, il y de la manipulation affective au-delà des actes.

« Les violences sexuelles n’ont rien à voir avec un désir sexuel ou une tentative de séduction, ni avec des pulsions sexuelles, les violences intrafamiliales sexuelles (inceste, viols conjugaux) n’ont rien à voir avec de l’amour. Désirer, aimer ne signifient pas posséder, ni instrumentaliser pour son propre compte. Ce sont juste des armes très efficaces pour détruire et dégrader l’autre, le soumettre et le réduire à l’état d’objet et d’esclave que l’on utilise pour son plaisir et pour son besoin de mettre en scène une violence extrême. »1.

« Le pédocriminel n’aime pas les enfants comme pourrait le faire croire le terme mal nommé de pédophile, il les méprise en tant que personnes vulnérables, il veut jouir de leurs corps, les dégrader, les salir en les réduisant à des objets sexuels qu’il utilise quand il veut, comme il veut, peu importent les conséquences »2.

« La majorité des abuseurs sexuels (80%) ne souffrent pas de maladies psychiatriques précises. De nombreuses études mettent l’accent sur le passé traumatique des abuseurs sexuels. La plupart d’entre eux ont subi l’influence d’un milieu familial déséquilibré : parents négligents, rejetants ou qui ont abandonné leurs enfants. Etre séparé précocement de ses parents ou être rejeté entraine de profondes carences affectives qui ne permettent pas le développement d’un attachement sécure. »3.

Le fait que le pédocriminel s’arrange pour ‘cacher’, ‘masquer’ les agressions c’est qu’il sait bien que son orientation sexuelle est problématique…que ce qu’il fait est illégal.

L’horreur absolue c’est l’agression, les agressions mais souvent hélas c’est le début d’un long calvaire.

Aujourd’hui encore, une trop grande partie de la société dans laquelle nous vivons, ne veut pas voir, ne veut pas entendre, ne veut pas savoir, ne cherche pas à s’informer. Elle minimise les faits et s’ancre dans le déni. Alors les victimes sont confrontées au doute, au cynisme, à la justification et aux questions qui tuent… une suite de  ‘maltraitances’ qui s’accumulent, c’est LE MONDE A L’ENVERS.

Car, quand, enfin les personnes victimes libèrent la parole au prix d’un courage phénoménal avec la peur au ventre, la honte, et parfois le sentiment de culpabilité, on leur dit : 

• « Tu es sûre ? Tu exagères…jamais…pas lui quand même ! » Le monde à l’envers

La double peine, en plus de l’agression, c’est de ne pas être crue. Le pédocriminel est souvent l’adorable tonton, parfois la tante super sympa, le meilleur papa, la meilleure maman du monde, le professeur extraordinaire, le, ou la chef scout irréprochable… L’agression sexuelle commence toujours par une séduction de l’adulte sur l’enfant qui est pris dans une confiance. Cela fait partie de sa stratégie : il est dans une position intentionnelle, il a une réelle motivation, il sait ce qu’il fait. « Les sceptiques pourraient se rendre compte qu’il s’agit d’un prédateur qui, très rarement, agit de façon impulsive, mais qui, tel un chasseur prémédite, organise sa traque, affûte ses stratégies pour choisir sa victime, pour l’isoler, la contraindre et assurer son impunité, et attend son heure pour que les meilleures conditions soient réunies. » 4.

Mais pour son entourage il est cette personne digne de confiance et alors il peut opérer en toute impunité.

La peur du scandale, l’incapacité de remettre en cause l’ordre établi sont souvent à l’origine de l’incapacité du parent, de l’adulte à croire ce que l’enfant raconte. Mon frère, ma cousine, mon grand-père, ma mère, mon oncle ! LUI ? ELLE ? Qui peut nier que c’est terrifiant, absurde, difficilement pensable ? 

En ce qui concerne les gestes sexuels, Ferenczi parle de « confusion de langue entre l’adulte et l’enfant ». L’enfant cherche l’affection et l’adulte lui donne du sexe. Il faut savoir qu’un enfant ne sait pas inventer des gestes sexuels, il ne peut pas imaginer une sexualité adulte, il n’en a pas la maturité.

Déjà chez le très jeune enfant la mémoire n’est pas ‘nette’. Mais de manière générale, le discours de l’enfant (comme aussi celui de l’adulte agressé) est souvent flou, il n’est pas capable de se rappeler le jour, la date, l’heure, les gestes exacts, alors on enfonce le clou… : « Tu vois que ce n’est pas vrai. » Or cela devrait être une preuve supplémentaire que quelque chose ‘d’impensable’ s’est passé. Dans l’état de stress le cerveau est incapable de traiter les informations d’où cette confusion et souvent l’enfant se contredit, revient sur ses paroles… Il est perdu, ne sait plus …ses repères ont volé en éclats !

• « Pourquoi tu ne t’es pas défendue ? Tu n’as pas crié ? » Le monde à l’envers…

On induit que la personne victime était consentante…Les maltraitances et les agressions sexuelles sont les deux domaines où la suspicion vise la victime. Une façon de se protéger d’un évènement traumatique est de créer, involontairement bien sûr, un état de dissociation pour ne pas ressentir l’horreur. C’est ce qu’on appelle la dissociation traumatique. Le cerveau disjoncte pour protéger la victime exactement comme un disjoncteur fait sauter les plombs en cas d’orage. La dissociation se traduit par l’absence d’émotion, une passivité, une immobilité qu’on leur reproche. Pour survivre elles ont coupé, anesthésié les émotions et elles sont dissociées, incapables de réagir. On leur dit alors que ce qu’elles ont vécu n’est pas si grave ou alors qu’elles ont tout inventé.

« La mémoire traumatique qui s’installe après les violences est une mémoire émotionnelle et sensorielle « fantôme » intrusive et incontrôlable des violences subies. Quand elle n’est pas traitée elle revient hanter les victimes traumatisées pendant de longues années après les violences et parfois même toute leur vie, leur faisant revivre « éternellement » et à l’identique, quand elle envahit le psychisme, le « film » des violences avec les mêmes sentiments d’effroi, de détresse, de mort imminente, d’impuissance et de sidération ressentis lors de celles-ci » 5.

Un enfant à qui on fait subir des violences sexuelles est, dans la grande majorité des cas, sidéré, tétanisé par la peur car il ne comprend pas ‘l’impensable’, même s’il sait que ce n’est pas ‘normal’.

• « Pourquoi tu n’as pas parlé ? » Le monde à l’envers

On leur reproche leur silence alors que l’enfant agressé se sent impliqué comme si c’est de sa faute, que c’est lui le demandeur et c’est souvent ce que l’agresseur lui aura sans cesse répété. Il ressent alors de la honte et de la culpabilité. Ces sentiments font partie intégrante des violences sexuelles. Et si la victime a ressenti du plaisir lors des attouchements sexuelles, honte et culpabilité sont multipliées puissance dix. L’enfant a peur de parler car il a peur d’entendre que c’est de sa faute, que c’est lui qui l’a cherché, voulu, provoqué.

On lui reproche de ne pas avoir parlé mais souvent quand il parle La loi du silence lui est imposée, pour ne pas faire de vagues, “tu te rends compte que tu vas casser la famille ? ”, « il y a pire ailleurs ! », « tu es gentille, compréhensive toi ! » et comme l’enfant est loyal alors il obéit, ne dit rien…

La mémoire traumatique, la dissociation traumatique, la Loi du Silence imposée par les adultes… il ne faut alors pas s’étonner que les victimes prennent des années avant de parler.

• « Tu es fragile…réveille-toi…prends sur toi ! Arrête de te plaindre, de ruminer, passe à autre chose. » Le monde à l’envers

Les violences sexuelles ont les conséquences psychotraumatiques les plus graves. Ces conséquences sont neuro biologiques, émotionnelles et physiques. C’est le mode opératoire, l’intention et la violence de l’agresseur qui sont à la source de ces conséquences. Mais hélas « quand les victimes vont très mal, avec une mémoire traumatique explosive, les symptômes qu’elles présentent au lieu d’être reliés aux violences et au trauma sont attribués à une pathologie psychiatrique sous-jacente, les renvoyant à un statut de malade mentale.» 6

« Comme les méduses, ces conséquences sont là, invisibles, et brutalement elles piquent. C’est ce qu’on appelle les symptômes de stress post-traumatique. Ils surgissent par effraction, n’importe quand, sous forme d’élans de méchanceté, de haine vis-à-vis de soi et des autres, de sensations de dégoût, etc. Ils s’accompagnent de conduites à risque, de phénomènes d’autodestruction. » 7

Les personnes victimes sont injustement pointées du doigt comme étant les responsables de leurs propres souffrances.

• « Oublie c’est une vieille histoire, ça fait tellement longtemps, tu as vraiment envie de te faire mal ! Ce n’est pas si grave. » Le monde à l’envers

Oublier ce qui est inscrit dans la mémoire, dans le corps, n’est pas une opération que la volonté contrôle. C’est un processus complexe qui se déroule en majeure partie à un niveau inconscient. Demander d’oublier c’est culpabiliser encore plus la victime car, comme ce n’est pas évident, et qu’elle n’arrive pas, effectivement à oublier, elle se dénigre, se trouve nulle et faible. Oublier équivaudrait aussi à effacer une partie de son histoire, donc nier la réalité et/ou la gravité de ce qui s’est passé.

De plus pour beaucoup de victimes qui ont vécu l’amnésie traumatique, (l’oubli complet ou parcellaire de l’agression, qui fait partie des conséquences psychotraumatiques) leur demander de nouveau d’oublier est d’une violence inouïe.

• « Tu vas casser la famille. C’est à cause de toi que l’ambiance familiale ne sera plus la même qu’il y aura des divisions…Tu as pensé à sa femme et ses enfants ? » Le monde à l’envers

Les personnes victimes sont condamnées à porter la responsabilité de l’agression, elles se retrouvent au banc des accusés or c’est TOUJOURS L’AGRESSEUR QUI TRANSGRESSE . « Les violences exercées sur autrui par des agresseurs sont en fait utilisées, elles aussi, comme un auto-traitement efficace de leur mémoire traumatique. Pour se soulager, s’anesthésier, ces agresseurs, qui sont d’anciennes victimes traumatisées ou des témoins de violences, vont s’autoriser à instrumentaliser des personnes qu’ils peuvent dominer-des proches le plus souvent- pour les transformer contre leur gré en victimes « médicaments et fusibles » dédiées à leur confort et leur toute-puissance. Mais soulignons d’emblée que devenir un agresseur est toujours un choix personnel que l’on s’autorise en profitant d’un rapport de force qu’on pense favorable à soi. » 8.

Briser le silence, même si ce n’est jamais facile, c’est se soulager du poids du secret et des dysfonctionnements à l’intérieur de la famille, du système.

• « Pardonne c’est la seule issue…tu es une bonne chrétienne toi ! » Le monde à l’envers

Le pardon est souvent demandé à la personne victime, pas à l’agresseur. Hélas dans la plupart des cas l’agresseur ne reconnait pas ce qu’il a fait et la gravité de ses actes. Pour certaines victimes, le pardon est un chemin et c’est un choix. Parfois le pardon induit, ‘obligé’ empêche tout un travail en profondeur. Dans le processus thérapeutique rencontrer la colère, l’exprimer, la déminer est salutaire. Or notre éducation, la religion ont martelé que la colère est inacceptable, c’est un ‘mauvais sentiment’, voire même un péché…

Pour la victime pouvoir d’abord se pardonner est un grand pas. Difficile de se pardonner car elle est prise dans un cercle vicieux, elle a tout le temps besoin de s’expliquer, de se justifier. Elle gêne et dérange vu qu’elle ‘n’est même pas capable de pardonner’ disent les proches. Donc, dans la grande majorité des cas ce sont les victimes qui sont mises à l’écart de la famille. Pour les pédocriminels, le support infaillible des proches ne fait que renforcer le déni : « Ce que j’ai fait n’est donc pas grave…une erreur de jeunesse…un geste déplacé…et puis les enfants aimaient ça ! » « Couvrir » un pédocriminel, nier ce qu’il a fait, c’est mettre du sable sur la cendre et laisser faire plus de violences…et encore plus de victimes…

Il me semble que c’est aux proches des pédocriminels, à les inviter, les accompagner sur un chemin thérapeutique (un long chemin…avec un(e) professionnel(le), formé(e) à la problématique des violences sexuelles) pour les aider à sortir de leurs violences contre eux-mêmes et contre les autres. Hélas les proches sont souvent eux-mêmes pris dans la manipulation ou dans le déni.

Le Père Joulain, (dans l’émission « La Pédophilie Un Silence de Cathédrale » sur France 3 le 21.3.2018) dit ceci : « Abuser un enfant avant un problème de péché, c’est un problème de délit criminel !!! »

Je cite aussi le Père Georges Cheung (Vie Catholique 17-23 Mai 2019) « Nous savons que dans le cas d’inceste (avec ou sans viol) pour le bien humain et spirituel de l’agresseur, il faut une sanction sévère appropriée. La sanction, bien comprise et bien vécue, concrétise la demande de pardon. Car il n’y a de pardon vrai que si l’agresseur le demande. L’agressé peut toujours, de son côté, offrir le pardon, mais ce pardon n’a de sens pour l’agresseur que lorsqu’il est demandé et accepté. C’est d’ailleurs le sens de la «pénitence» exigée dans le sacrement de réconciliation. Bien sûr, à force de donner un Notre Père ou trois Je vous salue Marie, comme pénitence, on finit par la vider de sens. Car le pénitent pour bien entrer dans la réception du pardon et comprendre la miséricorde de Dieu, doit accepter de ‘réparer’ le mal causé par son péché. Autrement, le pardon n’est qu’un prétexte pour le laxisme. »

« Pour prévenir plus globalement les violences, il faut avant tout identifier les violences, protéger et soigner les victimes, et ne pas laisser les violences impunies. Les violences sont une affaire de droit. Les agresseurs doivent rendre des comptes, et leur addiction à la violence doit être traitée le plus tôt possible. »9

 « Les violences sexuelles ne doivent pas rester impunies et les préjudices qu’elles ont entrainés doivent être réparés, il en va de la sauvegarde de la cohésion sociale, du respect de la solidarité et de l’égalité des droits. Dans une démocratie tout citoyen a le droit fondamental de vivre en sécurité, d’être soigné et de demander justice. Une société qui tolère des violences en son sein, qui abandonne les victimes, est une société injuste et profondément inégalitaire où s’exerce la loi du plus fort, une société où règnent encore des privilèges iniques. » 10

 « Les victimes ont besoin d’un discours humain prenant en compte la réalité des violences subies et les souffrances endurées, un discours dénonçant les violences sexuelles et rappelant la loi, un discours remettant LE MONDE A L’ENDROIT. » 11.

Dr Muriel Salmona est psychiatre-psychothérapeute, chercheuse et formatrice en psychotraumatologie et en victimologie. Elle est la Présidente de l’association Mémoire traumatique et Victimologie  www.memoiretraumatique.org

Ferenczi (1873-1933) psychiatre hongrois, formé à la psychanalyse.

1. Le livre noir des Violences Sexuelles (P : 55) Dr Muriel Salmona.

2. Violences Sexuelles. Les 40 questions-réponses incontournables. ( P : 70) Dr Muriel Salmona

3. J’aimeras tant tourner la page. (P : 33 )Dr François Louboff

4. Violences Sexuelles. Les 40 questions-réponses incontournables. ( P : 37 )Dr Muriel Salmona

5. Le livre noir des violences sexuelles. (P : 22-23.) Dr Muriel Salmona

6. Violences Sexuelles. Les 40 questions-réponses incontournables( P : 9) Dr Muriel Salmona

7. La petite fille sur la banquise. Adélaïde Bon.

8. Le livre noir des violences sexuelles. (P : 24) Dr Muriel Salmona.

9. Le livre noir des violences sexuelles. (P : 24) Dr Muriel Salmona

10. Le livre noir des violences sexuelles. (P : 5) Dr Muriel Salmona

11. Le livre noir des violences sexuelles. (P : 5) Dr Muriel Salmona

Documentaires :

Infrarouge. Enfance Abusée. France 2

L’école en bateau, l’enfance sabordée. France 5

Retour à Outreau ou l’histoire d’un scandale judiciaire. Serge Garde. Meta TV 1 4


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Lexpress

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