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Tribune. Mais où est-elle, cette Union européenne (UE) en position de force pour négocier un accord commercial équilibré avec le Royaume-Uni ? Mais comment expliquer que Michel Barnier, le négociateur européen du Brexit, soit maintenant fragilisé par des négociations qui n’avancent pas d’un pouce ?
Au départ, l’Union européenne avait la naïveté de croire qu’elle pourrait imposer au Royaume-Uni la continuation de l’application de ses règles commerciales (aides aux entreprises, règles sur les marchés publics, normes applicables sur le marché intérieur…) contre l’accès libre sans taxes et sans droits au marché unique.
Curieux mandat
Mais sur la pêche, sur les marchés publics, sur les normes applicables aux produits et aux services, les négociations n’ont pas avancé d’un iota depuis leur commencement. Comment expliquer cette situation et la fragilisation progressive des positions de l’UE et de son principal négociateur ?
On découvre les aléas de la mise en œuvre d’une politique commune sur le plan commercial, qui n’est pas à même de nous protéger de la concurrence parfois déloyale de pays comme la Chine, ni de constituer un rempart face au Royaume-Uni qui a décidé de reprendre son indépendance
Tout d’abord, on s’aperçoit que le mandat de négociation fixé par les vingt-sept Etats membres à la Commission, et défendu par Michel Barnier, est quelque peu curieux. Comment en effet demander à un pays qui a choisi de quitter l’Union pour recouvrer sa souveraineté, de continuer à appliquer les règles commerciales de l’Union dont il souhaite en premier lieu s’écarter, ce qui a motivé en partie son divorce ?
De plus, le mandat de négociation définie à la Commission par les Vingt-sept est relativement rigide. Les lignes rouges (pêche, marchés publics, subventions aux entreprises, normes à appliquer par les producteurs de biens et services) sont partout. Comment enserrer dans un tel carcan pouvoir conduire une réelle négociation qui ne soit au final la répétition inlassable, sans concessions, sans compromis, d’une position figée ? Qu’est-ce qui est négociable au juste pour l’Union, à part la continuation des relations passées entre les deux entités ?
On découvre ainsi que le mode de négociation de la Commission (représentation de vingt-sept Etats membres) est plutôt une faiblesse qu’une force, car il ne permet pas la souplesse que demande toute négociation, car il fragilise le négociateur européen incapable de prendre des initiatives pour débloquer la situation, car il constitue un processus extrêmement lourd contraire à la dynamique et à la rapidité nécessaire à toute négociation. En l’occurrence, l’Union ne fait pas dans ce cas la force mais plutôt engendre la faiblesse.
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