« Le Miracle du saint inconnu », un film drôle et attachant sur la société marocaine – JeuneAfrique.com

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Le jeune réalisateur marocain Alaa Eddine Aljem signe, avec son long métrage « Le Miracle du saint inconnu » sorti le 1er janvier en France, un premier film misant sur le burlesque, très attachant et réjouissant.


Parler de religion au cinéma dans un pays musulman en misant sur la comédie n’est pas une tâche aisée. Mais ce n’est pas impossible ni même risqué surtout si, en dernier ressort, on ne parle pas à proprement parler de la religion, en l’occurrence de l’islam, mais plutôt de la croyance et des superstitions qui n’en sont l’émanation qu’en la dénaturant. C’est ce que démontre le très attachant et très réjouissant film du jeune réalisateur marocain Alaa Eddine Aljem, Le Miracle du saint inconnu.

L’histoire qu’il raconte se veut minimale. Un voleur qui vient de réussir un gros coup, poursuivi par la police, enfouit dans l’urgence juste avant de se faire arrêter la sacoche qui contient son magot au sommet d’une colline dans un lieu désertique. Après avoir enterré ainsi le produit de son méfait dans le sable, il décide, pour protéger la cache, de lui donner l’apparence d’une tombe que nul n’osera profaner.

Libéré de prison de nombreuses années après, il revient sur place pour récupérer « son » argent. Pour découvrir que sur l’emplacement de cette tombe mystérieuse a été construit un mausolée, sur lequel veille un gardien, pour honorer ce qu’on suppose être la dernière demeure d’un saint inconnu. On prétend même que ce saint peut faire des miracles, et l’endroit est devenu un lieu de pèlerinage très couru. À tel point qu’un tout nouveau village a été construit en contrebas pour loger, nourrir et fournir en diverses marchandises religieuses ou profanes ceux qui se rendent sur place.

Fable

Tout le film va alors consister à raconter l’infortune – c’est bien le mot – de ce voleur qui tente à de nombreuses reprises et par tous les moyens de pénétrer subrepticement dans le lieu devenu sacré, et bien gardé, afin de pouvoir profiter enfin de son larcin.

Ce film ne cherche pas à passer pour réaliste bien sûr, et doit se voir comme une fable imagée, réalisée, séquence après séquence, un peu à la manière d’une bande dessinée. Avec des personnages pittoresques, aussi bien le « héros », un loser amoral mais sympathique magnifiquement joué par Younès Bouab, que tous les autres protagonistes du récit ( le gardien irascible du mausolée, le médecin local et son infirmier dignes d’un docteur Knock, le vieux paysan qui attend depuis dix ans que la pluie tombe pour irriguer ses terres, etc), qui ne sont pas nommés, sont presque toujours muets et vivent des situations cocasses.

En résulte un long métrage misant sur le burlesque, peut-être parfois un peu lent et répétitif, mais qu’on voit d’un bout à l’autre avec grand plaisir. Une comédie plus sérieuse qu’il n’y paraît au premier abord. Car en évitant les écueils du blasphème et sans jamais ricaner, elle se moque allègrement des effets de la croyance au premier degré et de la marchandisation de ce qu’on veut croire sacré. Un premier long métrage d’un auteur très prometteur, à mi-chemin entre Buster Keaton et Woody Allen.



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JeuneAfrique

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