Le masque, nouvel accessoire tendance d’une Afrique coquette

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Arthur Bella N’guessan, un designer ivoirien, et un jeune mannequin posent alors qu’ils portent des masques protecteurs aux couleurs assorties à leurs vêtements, à Abidjan, le 13 mai 2020.
Arthur Bella N’guessan, un designer ivoirien, et un jeune mannequin posent alors qu’ils portent des masques protecteurs aux couleurs assorties à leurs vêtements, à Abidjan, le 13 mai 2020. Luc Gnago / REUTERS

Masquée ou démasquée, la planète entière est passée à l’heure des protections faciales. En tissu pour durer, en papier pour un port éphémère, ce rectangle est en train d’inventer un nouveau look. Coquette et ingénieuse, l’Afrique a devancé le reste du monde, pour en faire ici ou là un objet de mode, un accessoire quasi tendance. Bien que… pas toujours porté dans les règles de l’art.

Au Cameroun, le port de masque est obligatoire. Sur les marchés, rues et boutiques, les masques en coton et en pagne, réutilisables et moins chers que les masques chirurgicaux, partent comme des petits pains. Pour encourager le plus grand nombre à se protéger contre le nouveau virus qui a déjà fait près de 150 morts à travers le pays, de nombreuses stylistes et couturières créent des modèles « nyanga » (sexy) de masques et de visières.

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Dès les tout premiers cas enregistrés en mars, Ghislaine Ngnatho, styliste modéliste et promotrice de la maison de couture Ghiscrea s’est formée via YouTube à la fabrication des masques artisanaux en tissu-pagne avec doublures.

Au fil du temps, elle s’est aussi intéressée à la fabrication de visières et produit désormais un mixte des deux : des masques avec visière incorporée qui viennent compléter ses offres de masques simples, assortis tout de même aux visières. Les prix varient entre 500 francs CFA (masques simples, visières simples à 75 centimes d’euro) et 1 000 francs CFA (masque avec visière incorporée et masque et visière à 1,50 euro). « Se protéger contre ce virus est important », souligne l’artisan à qui ses clients habituels passent assez de commandes pour qu’elle ait fait vingt livraisons la veille, par exemple.

Avec visière démontable

D’autres raffinent plus encore l’offre, proposant des masques assortis aux robes, foulards, chemises, voire même aux chaussures… Ange Goufack, 27 ans, diplômée en marketing, s’est alliée à sa sœur couturière, Lauraine Goufack, pour confectionner des masques avec visière démontable et des cache-nez assortis aux foulards.

Sur Facebook et Twitter, elle multiplie les posts et photos. Le modèle séduit et les commandes affluent du Cameroun aussi bien que de l’étranger. « Nous produisons au minimum cent pièces par jour. Nous recevons des commandes des Etats-Unis et d’Angleterre et nous livrons par la poste », précise Ange. Pour ce petit luxe, un peu haut de gamme, il faut compter entre 1 500 et 2 000 francs CFA.

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Un peu plus à l’ouest, au Burkina Faso, c’est comme si le pays s’était préparé bien avant. Ici, on connaît chaque année la « saison des cache-nez ». De décembre à février, on l’enfile en effet pour se protéger de l’harmattan, un vent du Sahara qui amène son lot de sable et poussière, et crée des ennuis de santé puisque les maladies respiratoires constituent la deuxième cause de consultation chez l’adulte dans le pays.

Alors au début de la pandémie du Covid-19, faute de masques de protection homologués ou de « bavettes » quasi introuvables dans les pharmacies de la capitale ou trop onéreuses, certains ont ressorti les cache-nez anti-poussière lavables, désormais baptisés « anti-corona ». C’est même devenu, avec les solutions hydroalcooliques, le nouveau gagne-pain des vendeurs de rues qui proposent, à chaque feu rouge, des dizaines de masques lavables, confectionnés par des tailleurs de la ville, entre 200 à 500 francs CFA (30 à 75 centimes d’euros).

Un port assez étouffant

Uni, à motif, synthétique ou en Faso dan fani, le pagne traditionnel tissé en coton burkinabé, chacun propose ses couleurs et ses textures. Ensuite, à chacun d’opter pour son utilisation aussi. Porté sur la tête, au menton, enlevé d’une main pour les salutations d’usage, le masque n’est pas toujours considéré comme un objet médical, loin s’en faut.

Il faut dire qu’avec la saison chaude et ses plus de 40 degrés à l’ombre, son port est parfois assez étouffant. sans compter que, depuis près d’un mois (il a été rendu obligatoire le 27 avril), une certaine lassitude s’est installée. Et même si le gouvernement promet de sanctionner les récalcitrants, il se fait de plus en plus rare dans les rues.

« Corona, c’est fini ! », se réjouissent déjà les plus impatients, soulagés par l’assouplissement des mesures de restriction et la stagnation de la courbe de l’épidémie ces dernières semaines. Maquis, bars et restaurants ont même officiellement rouvert leurs portes le 15 mai. « Comment voulez-vous qu’on mange et boive avec un masque ? C’est absurde », rétorquent déjà certains.

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Un peu comme à Bamako où, aujourd’hui, quand on trouve un masque, c’est plus pour décorer un front ou un menton que pour se protéger du coronavirus. Celui qui l’arbore correctement est d’ailleurs en général raillé avec gouaille : « Tu as peur de quoi l’ami ? Tout ça, c’est fini, IBK [Ibrahim Boubacar Keïta, président du pays] l’a dit ! » Au Mali, en effet, le président a beau arborer son masque à la télévision, personne ne le voit. Contrairement au Ghana voisin où c’est l’absence de masque du président qui s’est vu…

Dans le petit pays anglophone, le président lui-même avait décidé de faire la promotion du rectangle d’étoffe : « Portez un masque où que vous alliez, cela vous protégera contre le virus. » Sur une affiche placardée aux quatre coins de la capitale Accra, on pouvait voir Nana Akufo-Addo, regard déterminé sur fond de drapeau ghanéen, mais… sans masque. Evidemment, les réseaux sociaux n’ont pas manqué de souligner qu’il était étonnant qu’un chef de l’Etat fasse la promotion d’un attribut qu’il ne portait pas lui-même.

Et une fois que le principal parti d’opposition s’est saisi de la polémique, l’affiche a été retirée des murs de la ville, même si le masque reste obligatoire dans les lieux publics dans tout le pays. Plus efficace que l’effigie présidentielle le « No face mask, no entry » (pas de masque, pas d’entrée) a fleuri et partout des vigiles, bien masqués eux, vérifient la bonne application de ces directives alors que, dans les rues, de moins en moins de personnes se déplacent avec la protection.

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