le gouvernement renversé en pleine pandémie du coronavirus

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Le premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, nouvellement élu, prononçait son discours devant le Parlement à Pristina, le 3 février.
Le premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, nouvellement élu, prononçait son discours devant le Parlement à Pristina, le 3 février. Laura Hasani / REUTERS

Le gouvernement de coalition à la tête du Kosovo depuis moins de deux mois a été renversé mercredi 25 mars par un vote de défiance. La motion de censure avait été présentée par un parti minoritaire dans la coalition gouvernementale dirigée par le premier ministre Albin Kurti. Le chef de la formation nationaliste de gauche Vetevendosje est arrivé au pouvoir sur la promesse de mettre fin au règne d’élites accusées de corruption. Après une douzaine d’heures de débats, la motion de censure a obtenu 82 voix sur 120.

Elle constitue le point culminant de luttes intestines qui privent le territoire de direction en pleine pandémie du coronavirus. Depuis plusieurs jours, de nombreux habitants de l’ancienne province serbe où les services de santé manquent cruellement de ressources tapent sur des casseroles à leur balcon pour protester contre la crise politique.

A l’ouverture de la séance, un manifestant avait bravé le couvre-feu décrété contre le nouveau coronavirus pour déployer devant le Parlement une bannière sur laquelle on pouvait lire : « La pandémie la plus dangereuse pour le Kosovo c’est la politique. Honte à vous ! »

Le premier ministre et ses soutiens se disent victimes des manœuvres de président Hashim Thaci, ancien guérillero et figure centrale de la politique kosovare depuis la guerre d’indépendance de 1998-1999. Les législatives d’octobre avaient consacré la défaite des anciens combattants indépendantistes du PDK mais le mandat du président Thaci, leur chef, ne prend fin qu’en 2021.

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Albin Kurti a accusé le président d’avoir orchestré la crise politique pour garder la main sur les affaires et finaliser un projet, soutenu par les Etats-Unis, d’échange de territoires avec la Serbie. D’après les médias locaux, ce projet verrait une modification des frontières entre le Kosovo et la Serbie, qui n’a jamais reconnu l’indépendance de son ancienne province proclamée en 2008. Albin Kurti s’oppose catégoriquement à un tel scénario tout comme il a refusé de se plier à d’intenses pressions de Washington pour lever totalement des taxes de 100 % infligées aux produits serbes, principal obstacle à la reprise du dialogue avec Belgrade.

« Accord secret »

Dans ses efforts pour relancer ces pourparlers, le nouvel émissaire désigné par l’administration du président américain Donald Trump a eu Hashim Thaci comme interlocuteur. Albin Kurti a déclaré aux députés être « convaincu » qu’un « accord secret » sur un échange de territoires avait été discuté.

Aux termes de la Constitution, le président pourrait donner à Albin Kurti ou à un représentant de la LDK un nouveau mandat pour former un gouvernement ou dissoudre le Parlement, ce qui entraînerait des élections anticipées.

La LDK a initié la censure de son propre gouvernement, une première dans l’histoire de la jeune démocratie instable de 1,8 million d’habitants, pour protester contre le limogeage d’un de ses ministres par Albin Kurti. Le ministre en question s’était dit favorable à l’état d’urgence souhaité par le président Thaci pour lutter contre la pandémie provoquée par le nouveau coronavirus, qui a contaminé officiellement plus de 70 personnes et fait un mort.

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Albin Kurti était contre une telle mesure d’exception, qui aurait conféré au « Serpent » – surnom donné à Hashim Thaci pendant la guerre –, des pouvoirs beaucoup plus importants que son rôle cérémonial actuel.

« Abus de pouvoir évident »

Pour Arben Hajrullahu, professeur de sciences politiques à l’université de Pristina, les « ambassadeurs des puissances qui supervisent le Kosovo [Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie] doivent avoir une attitude dure et critique contre cet abus de pouvoir évident ». Mais il semble qu’un coin ait été enfoncé entre Washington et des poids lourds européens comme l’Allemagne et la France, qui jusqu’ici étaient unanimes dans leurs efforts de normalisation des relations entre Pristina et Belgrade.

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Mardi, Paris et Berlin avaient ainsi appelé le Kosovo à renoncer au vote, jugeant que le territoire avait « besoin d’un gouvernement stable et totalement opérationnel pour faire face à la crise ». L’ambassadeur des Etats-Unis au Kosovo se disait au contraire « heureux » de la tenue du scrutin.

Le Kosovo est coutumier des soubresauts politiques. Depuis l’indépendance, aucun gouvernement n’a été jusqu’au bout de son mandat. Mais aujourd’hui, nombre d’habitants ont l’impression d’être victimes d’un billard à bandes multiples et craignent le pire dans un pays où les médecins et les équipements manquent.

Le Monde avec AFP

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