le gazoduc Nord Stream 2 menacé par l’affaire Navalny

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Sur le chantier du gazoduc Nord Stream 2, près de Kingisepp en Russie, en juin 2019.

C’est le chantier le plus géopolitique d’Europe : sous le coup de sanctions américaines, critiqué par les pays d’Europe orientale, mis à mal par des directives européennes, le gazoduc Nord Stream 2 est désormais pris dans les mailles de l’affaire Navalny.

Ce gazoduc de 1 200 kilomètres de long doit acheminer 55 milliards de mètres cubes de gaz par an en Europe et devait être initialement terminé fin 2019. Le tuyau sera exploité par le géant russe Gazprom, mais il est cofinancé par cinq groupes européens, dont le français Engie, pour un coût total de 9,5 milliards d’euros. Le chantier est terminé à 94 %, mais il est interrompu depuis décembre 2019, à cause de sanctions américaines très spécifiques.

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En Allemagne, depuis qu’Angela Merkel a révélé, mercredi 2 septembre, que le leader de l’opposition russe, hospitalisé à Berlin après avoir été victime d’un malaise dans un vol commercial en Sibérie, avait été empoisonné par un produit de la famille du Novitchok, la pression monte autour de la chancelière allemande. Et pour certains, la réponse apparaît évidente : interrompre Nord Stream 2 constituerait pour le président russe, Vladimir Poutine, une sanction à la hauteur du « crime » – terme employé par Mme Merkel – dont a été victime M. Navalny.

L’Europe doit réagir

Au sein même de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de la chancelière, plusieurs voix influentes se sont exprimées en ce sens. « Poutine ne comprend qu’un seul langage : celui du gaz et de l’argent », a ainsi déclaré Norbert Röttgen, le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag et candidat à la présidence de la CDU, vendredi, à la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Finaliser Nord Stream 2 serait pour Poutine la confirmation qu’il peut continuer à faire la même politique qu’aujourd’hui. C’est pourquoi l’Europe doit décider d’arrêter Nord Stream 2 », explique-t-il.

Il a été rejoint par un autre candidat à la présidence du parti conservateur, Friedrich Merz, qui ne cache pas ses ambitions de succéder à Mme Merkel après les élections législatives de septembre 2021. « J’étais jusqu’alors favorable à un achèvement du chantier, malgré quelques réserves. Mais après l’empoisonnement de Navalny, il est temps que l’Europe réagisse. C’est pourquoi je propose de suspendre immédiatement les travaux pendant deux ans un moratoire, en somme. C’est la seule chose que Poutine peut entendre », a déclaré M. Merz, vendredi, au quotidien Bild.

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