Le frère du président hondurien jugé pour trafic de drogue à New York

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Des étudiants demandent la démission du président hondurien, Juan Orlando Hernandez, pour ses liens présumés avec le trafic de drogue, le 14 août 2019 à Tegucigalpa.
Des étudiants demandent la démission du président hondurien, Juan Orlando Hernandez, pour ses liens présumés avec le trafic de drogue, le 14 août 2019 à Tegucigalpa. ORLANDO SIERRA / AFP

Le Honduras est suspendu, ce mercredi 2 octobre, au procès qui commence à New York de Juan Antonio « Tony » Hernandez, un ex-député hondurien arrêté à Miami en novembre 2018, accusé de trafic de drogue « à grande échelle ». Mais c’est vers un autre homme que tous les regards sont tournés : Tony Hernandez est le frère du président du pays, Juan Orlando Hernandez, au pouvoir depuis 2013. En août, un procureur américain a désigné l’actuel chef de l’Etat comme « complice » (« co-conspirateur ») de son frère.

Tony Hernandez, 41 ans, est accusé par le procureur du district sud de New York, Geoffrey Berman, d’avoir « œuvré, aux côtés d’autres trafiquants violents et à grande échelle, à la distribution et à l’importation aux Etats-Unis de milliers de kilos de cocaïne ». Il est également accusé d’être lié à au moins deux assassinats de narcotrafiquants rivaux entre 2011 et 2013.

Le 2 août, une requête préliminaire de 44 pages du procureur Geoffrey Berman a fait scandale au Honduras : sans les nommer explicitement, il y cite comme complice de Tony Hernandez son frère, Juan Orlando Hernandez (cité comme « co-conspirateur 4 », ou « CC-4 »), ainsi que son prédécesseur à la présidence, Porfirio Lobos (« CC-3 »). Leur identité ne fait cependant aucun doute : « CC-4 a été élu président du Honduras à la fin 2013 », est-il par exemple noté. Le procureur américain accuse même le chef de l’Etat d’avoir reçu 1,5 million de dollars du trafic de drogue pour sa campagne.

M. Berman assure ainsi que Tony Hernandez a bénéficié de la protection de « hauts responsables honduriens » et de « sources militaires et juridiques » ainsi que « des membres de la police nationale hondurienne », qui auraient « employé des équipes de sécurité lourdement armées » pour l’envoi de cocaïne. Certaines cargaisons de drogue, qui venaient de Colombie, étaient estampillées « TH », les initiales de Tony Hernandez.

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« Financer des campagnes »

M. Berman, qui se fonde sur les déclarations de narcotrafiquants honduriens extradés aux Etats-Unis et qui coopèrent avec les autorités américaines, n’a pourtant pas lancé de poursuites contre le président hondurien.

Dans son texte, il cite également le Parti national, au pouvoir au Honduras. Les complices, continue-t-il, « ont réalisé ces actes pour s’enrichir eux-mêmes », mais également « pour financer des campagnes de candidats du Parti national du Honduras, y compris, mais pas seulement, lors des élections présidentielles de 2009 [organisée de manière illégitime après un coup d’Etat et remportée par Porfirio Lobos] et de 2013 [remportée par Juan Orlando Hernandez] » et « pour maintenir et renforcer leur pouvoir et leurs positions politiques au Honduras ».

« [Juan Orlando Hernandez], tout comme [Porfirio Lobos] avant lui, a été élu président grâce au moins en partie au produit du trafic de drogue », assène le procureur américain.

Le président du Honduras, Juan Orlando Hernandez, le 1er septembre 2019 à Jérusalem. Il a été cité par un procureur américain comme complice des activités illicites de son frère Tony.
Le président du Honduras, Juan Orlando Hernandez, le 1er septembre 2019 à Jérusalem. Il a été cité par un procureur américain comme complice des activités illicites de son frère Tony. DEBBIE HILL / AFP

Le palais présidentiel de Tegucigalpa a vigoureusement démenti les accusations, soutenant que « JOH », comme il est appelé au Honduras, avait, au contraire, combattu le trafic de drogue, qu’il avait permis l’extradition vers les Etats-Unis d’au moins 40 narcotrafiquants et que ceux-ci cherchaient certainement à présent à se venger de lui.

Dans un entretien à la télévision hondurienne le 22 septembre, « JOH » a nié avoir reçu 1,5 million de dollars du narcotrafic pour sa campagne. Il a également assuré qu’il n’avait jamais soutenu les activités illicites de son frère, dont il dit avoir tout ignoré jusqu’à ce que la presse en fasse état, et qu’il lui a alors recommandé de se livrer aux autorités américaines. « Chacun est responsable de ses actes, et tout ce que Tony a eu de moi, ce sont des conseils », a-t-il affirmé, tout en soulignant que « l’on est innocent jusqu’à preuve du contraire ».

De nombreuses manifestations appelant à sa démission avaient eu lieu au Honduras en août, après la révélation des accusations contre le président formulées par le procureur Berman.

« Mafia puissante »

Tony Hernandez n’est pas le seul membre de la famille du président à être inquiété par la justice américaine pour ses liens avec le narcotrafic. Le 4 septembre, Geoffrey Berman a mis en examen un cousin de « JOH », Mauricio Hernandez Piñeda, ancien sous-commissaire de la Police nationale hondurienne, pour avoir importé de la cocaïne aux Etats-Unis et utilisé de puissantes armes à feu.

M. Hernandez Piñeda « devra bientôt répondre de ses crimes présumés devant un tribunal américain », conclut M. Berman dans son acte d’accusation. Dans un communiqué, la police hondurienne a précisé que l’ancien commissaire avait été démis de ses fonctions en août 2018 pour des raisons de « restructuration » de la police et non pour ses activités présumées ou pour ses liens avec Tony Hernandez.

Toutes ces révélations dressent l’image d’un narco-Etat loin de celle qu’en ont faite les Etats-Unis, qui considèrent « JOH » comme un allié majeur dans sa guerre contre le trafic de drogue.

A la mi-août, le président Hernandez s’est rendu à Washington, où il s’est notamment entretenu avec le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains, Luis Almagro, et avec des membres de la Commission interaméricaine pour le contrôle de l’abus de drogue.

« La politique de sécurité a permis la désarticulation de cartels du narcotrafic qui opéraient au Honduras en toute impunité, le procès d’extradition de 24 chefs [de cartels] vers les Etats-Unis, la destruction de narco-pistes [d’atterrissage] et de narco-laboratoires, entre autres », a souligné Juan Orlando Hernandez après la réunion.

Le 25 septembre, Washington a conclu un accord avec le Honduras, similaire à ceux signés quelques jours plus tôt avec le Guatemala et le Salvador, dans lequel Tegucigalpa accepte de recevoir sur son sol les migrants demandeurs d’asile aux Etats-Unis qui seraient d’abord passés par le Honduras, un des pays les plus violents du monde.

L’accord a valu à « JOH » une poignée de mains du président américain, Donald Trump, pendant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le 26 septembre.

Les organisations honduriennes de défense des droits humains estiment que l’élection de « JOH », deux ans après un coup d’Etat dont les institutions démocratiques ne se sont jamais remises, puis sa réélection en 2017, sont illégitimes et ont été remportées frauduleusement. « Ça a été dix années terribles, avec trois fraudes électorales de suite, soutient la journaliste et opposante Dunia Montoya. Nous sommes face à une mafia puissante et à un gouvernement de facto soutenu par les fusils, avec des militaires dans tous les ministères. »

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