Le fléau du travail au noir en Belgique, « ce pays où on ne t’attrape jamais »

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Le siège du Conseil Européen, surnommé « L’Œuf », à Bruxelles, en 2016.
Le siège du Conseil Européen, surnommé « L’Œuf », à Bruxelles, en 2016. EMMANUEL DUNAND / AFP

LETTRE DE BRUXELLES

Grande pourvoyeuse de règles, vigoureuse avocate d’une politique migratoire décente et du sort des travailleurs détachés, l’Union européenne a-t-elle pris ses quartiers dans un bâtiment édifié par des ouvriers surexploités venus des quatre coins du monde et employés illégalement par des escrocs ? La question embarrasse le Conseil européen et plus encore les autorités belges, pourtant très fières du rôle international joué par Bruxelles.

Le magazine De Standaard Weekblad a mené l’enquête à partir du récit d’un ouvrier bulgare de 43 ans, Beyhan Dzhelikov. Il a été employé sur le chantier du nouveau bâtiment du Conseil européen. Surnommé « L’Œuf », ou plus noblement « La Lanterne » – censée rappeler le siècle des Lumières – ce bâtiment, lourd de 5 000 tonnes d’acier et de verre, a été inauguré en 2016. Quelque 350 travailleurs l’ont fait sortir de terre en quatre ans, sous la conduite d’un consortium de deux sociétés belges, Interbuild et Jan De Nul, mandatées par la Régie fédérale belge des bâtiments.

Main-d’œuvre et sous-traitants attendent d’être payés

Futuriste, osé, audacieux : on a dit beaucoup de choses de ce bâtiment à l’esthétique discutable, dont la façade, ornée de croisillons orangés serait censée symboliser la diversité des cultures européennes. De la diversité, il y en avait en tout cas parmi les pays d’origine de la main-d’œuvre et des sous-traitants : des Bulgares, des Roumains, des Portugais mais aussi des Russes, des Moldaves, des Brésiliens, des Ukrainiens ont participé au chantier. Et, pour une bonne part, attendent encore, comme Beyhan Dzhelikov, d’être payés pour le travail qu’ils ont effectué.

Le Bulgare, qui vit aujourd’hui dans un sous-sol avec sa femme et son fils, a alerté l’association Fairwork Belgium, qui tente d’aider des sans-papiers victimes d’accidents de travail ou privés du salaire qui leur avait été promis. Cinq cents cas ont été recensés en 2019, un chiffre sans doute très en deçà de la réalité du phénomène, estime Jan Knockaert, directeur de la petite ONG, qui concerne tous les secteurs de la société belge, « sauf la fonction publique ». Des clandestins ont notamment travaillé sur les chantiers de bureaux de la police fédérale, d’un parti politique ou d’une crèche du Parlement européen. Et donc aussi de « l’Œuf », qui voit passer depuis trois ans diplomates et chefs d’Etat et de gouvernement.

Selon les promoteurs, tenus au respect des « plus hautes normes éthiques » étant donné la nature du bâtiment, le chantier était hautement sécurisé : badges individuels avec photo, accès informatisé, contrôle de chaque travailleur et du statut de son employeur… Comment des ouvriers ont-ils pu dans ces conditions être privés, selon M. Dzhelikov, de contrats mais aussi effectuer des prestations dépassant la durée légale du travail ? Le Conseil européen renvoie la balle à la Régie belge des bâtiments, qui elle-même dit ne pas être au courant et renvoie à son tour vers les entrepreneurs, qui pointent eux les sous-traitants et les lacunes des contrôles officiels…

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