« Le discours sur la question migratoire devient de plus en plus hystérique »

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La criminalisation des migrants s’étend à leurs soutiens – acteurs associatifs et ONG –, constate, dans un entretien au « Monde », le président de l’association de solidarité La Cimade, qui s’indigne de la surenchère répressive pratiquée par les gouvernements européens.

Propos recueillis par Luc Cédelle Publié aujourd’hui à 06h15

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Entretien. Christophe Deltombe est avocat au barreau de Paris depuis 1972. Engagé pour la justice sociale, ses combats l’ont amené à devenir notamment président d’Emmaüs France de 2007 à 2013 et, depuis 2018, à diriger La Cimade, association de solidarité créée en 1939. Il déplore notamment une obsession de la lutte contre l’immigration de la part des Etats européens, qui les conduits à jeter une ombre sur le travail des ONG.

Migrants fouillés par des policiers italiens à leur débarquement sur le port de Pozzallo, en Sicile, le 7 juin.
Migrants fouillés par des policiers italiens à leur débarquement sur le port de Pozzallo, en Sicile, le 7 juin. ANTONIO PARRINELLO / REUTERS

Un rapport d’Amnesty International du 5 juin appelle les autorités françaises à mettre fin « au harcèlement et aux agressions » des défenseurs des migrants à Calais et à Grande-Synthe, qui se plaignent de « violences physiques et verbales » de la part des forces de l’ordre. Partagez-vous cette prise de position ?

Nous la partageons totalement. Chaque jour, des personnes sont intimidées, poursuivies, éventuellement condamnées dans divers endroits de France : dans le Calaisis bien sûr, mais également à la frontière franco-italienne, à Paris, Nantes, Saint-Etienne, etc. Pourtant, ces acteurs associatifs viennent en aide à des personnes exilées en situation de très grande vulnérabilité, voire de danger, du fait de politiques migratoires et de pratiques administratives et policières toujours plus répressives. En décembre 2018, le Défenseur des droits concluait un rapport d’observation en notant que « les pouvoirs publics ont préféré mettre en œuvre une politique essentiellement fondée sur la police des étrangers reflétant une forme de criminalisation des migrations ». Aujourd’hui, cette criminalisation touche aussi, de plus en plus, leurs soutiens. Comme si, en plus de maintenir ces personnes dans des conditions indignes, les autorités souhaitaient également casser les initiatives de solidarités avec elles.

Lire aussi Amnesty appelle la France à mettre fin au « harcèlement » de défenseurs des migrants

A propos des migrants en Méditerranée, vous dénoncez, comme d’autres associations, une politique « criminelle » au niveau européen. Quel est le degré d’implication du gouvernement français dans cette politique ?

Lors de sa campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait déclaré que ce qui se passait en Libye pouvait être qualifié de crimes contre l’humanité. Fuir ce pays est donc un acte de survie. Des ONG se sont mobilisées pour mener des opérations de recherche et de sauvetage, et ainsi éviter des dizaines de milliers de morts. On dénombre néanmoins 17 000 personnes noyées depuis 2014 ! Jamais un tel drame n’aurait eu lieu si, au lieu de criminaliser les personnes exilées et leurs sauveteurs, l’Europe, fidèle à ses valeurs, avait mis tout en œuvre pour donner la priorité à la protection et au respect du droit international. L’Italie a fermé ses ports et refuse les débarquements de personnes secourues en mer. La France, pour sa part, est pleinement engagée dans cette politique européenne de refoulement vers la Libye. Elle équipe les gardes-côtes libyens.

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