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Le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa a tenté mercredi de relancer le dialogue politique dans son pays mais son initiative a été boudée par l’opposition, qui exige la fin de la répression engagée contre la colère sociale.
Six mois après les vives tensions qui ont suivi son élection à la tête du pays, Emmerson Mnangagwa avait convoqué ses adversaires en son palais pour lancer un « dialogue national » censé favoriser l’apaisement entre les deux camps.
« Ce rassemblement est une étape importante qui doit nous rappeler la prépondérance du dialogue sur le conflit », a lancé le chef de l’État en ouverture de la réunion à laquelle participaient de petits partis d’opposition.
« Nous avons déjà perdu des décennies pour développer notre patrie », a-t-il regretté, « il est désormais impératif que nous nous parlions pour résoudre nos différends par des moyens pacifiques et par le dialogue ».
Son principal rival, le chef du Mouvement pour un changement démocratique (MDC) Nelson Chamisa, a rejeté par avance sa main tendue et boycotté la rencontre. « Le dialogue n’est pas un jeu », a-t-il estimé sur Twitter.
« Nous sommes dans une crise politique causée par des élections frauduleuses (…), il faut un véritable dialogue sous l’autorité d’un médiateur crédible », a-t-il ajouté.
Le MDC demande un « médiateur indépendant »
Au pouvoir depuis la chute de Robert Mugabe fin 2017, Emmerson Mnangagwa a été élu président dès le premier tour des élections de juillet dernier avec 50,8% des suffrages, contre 44,3% à Nelson Chamisa.
Nelson Chamisa a contesté ces résultats, arguant de fraudes, mais son recours en annulation a été rejeté par la justice. Une manifestation de ses partisans, le 1er août, avait été dispersée dans le sang par les forces de l’ordre, faisant six morts.
Le chef de l’opposition a boycotté la réunion pour dénoncer la riposte meurtrière du régime aux manifestations en janvier contre la hausse des prix des carburants (+150%).
« Arrêtez les violences contre les citoyens et les arrestations », a-t-il écrit sur Twitter.
Selon un nouveau bilan des ONG locales, l’intervention de la police et de l’armée contre la population en colère s’est soldée par au moins 17 morts et des centaines de blessés.
Dans un communiqué, le MDC a estimé que seul un « médiateur indépendant » peut permettre un « véritable dialogue » entre les deux camps, suggérant qu’il s’engage par l’entremise de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Le parti a également exigé une série de dix conditions préalables à ce dialogue, dont « la fin des violences » des forces de l’ordre et des « arrestations arbitraires », ainsi que la libération de « tous les prisonniers politiques ».
Un autre parti hostile au régime, le Front patriotique national (NPF), composé d’exclus du parti au pouvoir, la Zanu-PF, a également boycotté mercredi la réunion, qualifiée de « comédie » par son porte-parole Jealous Mawarire.
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