Le déménagement de l’Agence européenne des médicaments, symbole du « gâchis » du Brexit

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En raison du divorce entre le Royaume-Uni et l’UE, le régulateur est transféré à Amsterdam. Il perd le quart de ses employés et a dû abandonner son travail non urgent.

Par Eric Albert Publié aujourd’hui à 06h37

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Le chantier de construction du prochain siège de l’EMA, prévu pour être inauguré en janvier 2020, à Amsterdam, le 8 janvier.
Le chantier de construction du prochain siège de l’EMA, prévu pour être inauguré en janvier 2020, à Amsterdam, le 8 janvier. KOEN VAN WEEL / AFP

Après une heure d’entretien, à expliquer l’extraordinaire casse-tête du déménagement de l’Agence européenne des médicaments (EMA) de Londres à Amsterdam à cause du Brexit, Guido Rasi, son directeur, finit par conclure dans un cri du cœur : « Quel immense gâchis de temps ! » Depuis deux ans et demi, il consacre la majeure partie de son énergie à ce transfert à marche forcée, abandonnant une large partie du travail pharmaceutique non urgent.

Tout a été difficile : un quart des 900 employés ne seront pas du voyage – il faudra donc les remplacer –, le nouveau bâtiment, aux Pays-Bas, ne sera pas prêt avant 2020, et le propriétaire des locaux situés dans la capitale britannique intente un procès pour réclamer l’argent de vingt ans de bail… Il a fallu batailler sur tous les fronts, tout en continuant à assurer l’approbation et la supervision des médicaments au sein de l’Union européenne (UE), un rôle majeur de santé publique.

Locaux temporaires

« Pour qu’un régulateur fonctionne, il a besoin d’avoir une machinerie qui tourne sans problème. Or, celle-ci s’est arrêtée [à cause du déménagement]. De l’extérieur, on donne l’impression de ne pas avoir changé, mais ce n’est pas vrai », regrette l’Italien, professeur de microbiologie de formation.

Le 1er mars, l’EMA aura officiellement fait ses cartons, quittant les dix étages qu’elle occupe dans une tour de Canary Wharf, le quartier d’affaires de Londres. Le Brexit ne laissait pas le choix aux Européens : légalement, l’agence a l’obligation d’être installée dans un pays membre de l’UE. Idem pour l’Autorité bancaire européenne, qui se déplace, elle, à Paris.

L’EMA ira donc à Amsterdam après une courte victoire sur Milan lors d’un tirage au sort, les deux villes ayant fini à égalité à la fin du processus de sélection. Le choix n’a été annoncé par l’UE qu’en novembre 2017, laissant assez peu de temps pour assurer le déménagement.

Le gouvernement néerlandais a offert de construire un nouveau bâtiment, en principe prêt le 1er janvier 2020. En attendant, des locaux temporaires seront utilisés. Ceux-ci étant trop étroits – « c’est cosy », sourit M. Rasi –, les hôtels voisins seront utilisés comme salle d’attente, pour accueillir les représentants des laboratoires pharmaceutiques lorsqu’ils viennent montrer leurs médicaments.

Hémorragie d’employés

La principale inquiétude de M. Rasi est pourtant ailleurs : assurer que l’Agence continue à approuver normalement les médicaments. Or, elle fait face à une hémorragie de ses employés. Ceux qui ont un contrat à durée déterminée – soit 15 % de la main-d’œuvre – relèvent du droit britannique et ne peuvent pas être transférés. Pour les autres, il n’est pas si simple de déplacer des familles, d’arranger les questions d’école et de travail du conjoint… D’autant que les plus qualifiés reçoivent des offres tentantes des grands laboratoires pharmaceutiques britanniques. « Ceux qui ont une expertise pointue ont beaucoup d’opportunités », reconnaît M. Rasi.

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