Le Covid-19 a propulsé la démocrate Gretchen Whitmer sur l’avant-scène de la politique américaine

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Gretchen Whitmer à Lansing (Michigan), le 29 avril.
Gretchen Whitmer à Lansing (Michigan), le 29 avril. AP

Gretchen Whitmer est partout. En quelques semaines, celle qui n’était encore il y a peu que la 49e gouverneure du Michigan, deuxième femme à occuper ce poste, est devenue l’une des personnalités politiques américaines les plus en vue au cœur de la pandémie de Covid-19.

Etoile montante du Parti démocrate, c’est à elle que le parti avait confié la mission de répondre, en février, au discours sur l’état de l’Union de Donald Trump. Elle a surtout réussi à s’attirer les foudres du président américain, qui la surnomme « la femme du Michigan ». Elle est également la cible des manifestants qui, encouragés par la Maison Blanche, voient en elle un tyran piétinant leurs droits en prolongeant le confinement dans son Etat.

Sur CNN, elle s’est portée garante de Joe Biden, récemment accusé d’agression sexuelle, et fait partie des colistières potentielles du candidat sur le ticket démocrate à l’élection présidentielle du 3 novembre. Sa renommée grandissante lui a valu même d’avoir son personnage dans l’émission satirique Saturday Night Live.

Le Michigan, un des Etats les plus touchés

Quand le coronavirus a commencé à s’abattre sur le Michigan, début mars, Gretchen Whitmer n’a pas tergiversé. Comme d’autres gouverneurs américains, elle a déclaré l’état d’urgence, fermé les écoles et des entreprises, interdit les grands rassemblements, sans parvenir à enrayer l’épidémie.

Le nombre de morts dans « l’Etat des Grands Lacs » a grimpé en flèche (4 135 morts et 43 928 cas au 5 mai, pour une population de 9,9 millions d’habitants) et le 20 mars, sur CNN, Gretchen Whitmer a fait appel à l’aide fédérale tout en critiquant publiquement l’absence de stratégie nationale face à la maladie.

Jamais à court de répliques cinglantes, Donald Trump a rétorqué à « la femme du Michigan », expliquant que son administration n’aiderait que les gouverneurs qui « appréciaient » ses efforts. Sur Fox News, il a poursuivi, évoquant fin mars « un gros problème avec (…) une femme gouverneure du Michigan ».

Celle-ci lui a aussitôt répondu, sur Twitter : « Salut, mon nom est Gretchen Whitmer, et je suis la gouverneure en question, et j’ai demandé de nombreuse fois, avec respect, de l’aide. »

Piqué au vif, le président a répliqué le lendemain : « J’aime le Michigan, c’est une des raisons pour lesquelles nous faisons un si grand travail pour eux pendant cette horrible pandémie. Pourtant, votre gouverneure, Gretchen “Half” Whitmer [jeu de mots sur “half witted”, qui veut dire “stupide” en anglais], est complètement dépassée, elle n’a pas la moindre idée. Elle aime accuser les autres de sa propre inaptitude ! »

Les relations sont restées tendues depuis : le président qui veut à tout prix relancer l’économie malgré la pandémie a décidé de soutenir les manifestants qui se rassemblent pour contester les mesures de confinement prises localement. Sur Twitter, il a appelé le 17 avril à « libérer » le Minnesota, la Virginie et le Michigan, trois Etats gouvernés par des démocrates.

Quelques jours plus tard, le 30 avril, à Lansing, capitale du Michigan, des manifestants armés ont investi le Capitole de l’Etat pour exiger l’assouplissement des mesures de confinement. Devant le bâtiment, certains brandissaient des pancartes, dont l’une montrait Gretchen Whitmer grimée en Hitler.

Des gouverneurs, comme le républicain Larry Hogan, du Maryland, ont condamné le soutien du président à ces manifestations. Malgré la violence des attaques, Gretchen Whitmer ne change pas de cap et a annoncé qu’elle comptait maintenir le confinement jusqu’au 15 mai.

Un manifestant brandissant une pancarte montrant Gretchen Whitmer grimée en Hitler, à Lansing (Michigan), le 30 avril.
Un manifestant brandissant une pancarte montrant Gretchen Whitmer grimée en Hitler, à Lansing (Michigan), le 30 avril. JEFF KOWALSKY / AFP

Qu’importent les diatribes du président, la majorité des habitants du Michigan soutiennent leur gouverneure. Selon une enquête d’opinion de la Chambre régionale de Detroit, 57 % des personnes interrogées approuvent son action dans la lutte contre le coronavirus, 37 % la désapprouvent. Et si 44 % des personnes interrogées approuvent la réponse du président Trump à la crise, 50 % la désapprouvent.

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Une personnalité centriste

Juriste de formation, Gretchen Whitmer a été élue gouverneure du Michigan lors des élections de mi-mandat de novembre 2018. Auparavant, elle a siégé à la Chambre des représentants du Michigan (2001-2006) puis au Sénat du Michigan (2006-2015), où elle a mené la minorité démocrate entre 2011 et 2015.

En novembre 2018, pour remporter le poste de gouverneur – avec 10 points d’avance sur le candidat républicain –, elle avait fait campagne avec un slogan : « Fix the damn roads » (« Réparer ces fichues routes ») et a promis l’amélioration de la qualité de l’eau dans le Michigan, sujet toujours d’actualité, plus de 4 ans après le scandale de l’eau contaminée à Flint.

Depuis qu’elle a pris ses fonctions de gouverneure, en janvier 2019, elle ferraille sans réel succès contre les républicains, qui contrôlent la Chambre des représentants et le Sénat de l’Etat : tant pis pour les routes du Michigan.

Dans un portrait publié par Politico, elle se décrit « comme quelqu’un de progressiste (…) qui peut aussi faire avancer les choses ». De fait, son père a travaillé pour le 44e gouverneur du Michigan, un républicain, et sa mère pour le 50e procureur général du Michigan, un démocrate.

Dans une tribune publiée dans le New York Times, elle pratique volontiers le « en même temps ». Elle dit avoir « fait des choix déchirants pour assurer la sécurité des gens » et comprendre l’impatience du président à déconfiner : « Partout, les Américains sont impatients de revenir à la “normale”. Croyez-moi, nous, les gouverneurs, aussi. » Pour cela, elle dit travailler avec les gouverneurs démocrates comme républicains des Etats voisins : Ohio, Wisconsin, Minnesota, Illinois, Indiana et Kentucky.

Garland Gilchrist, Joe Biden et Gretchen Whitmer à Southfield, dans le Michigan, pendant la campagne pour les élections de mi-mandat, le 12 septembre 2018.
Garland Gilchrist, Joe Biden et Gretchen Whitmer à Southfield, dans le Michigan, pendant la campagne pour les élections de mi-mandat, le 12 septembre 2018. Daniel Mears / AP

Finalement, ce sont ses adversaires qui parlent le mieux de Gretchen Whitmer. Lee Chatfield, le chef de la majorité républicaine à la Chambre du Michigan, fervent partisan de Donald Trump, ne tarit pas d’éloges à son propos. Dans Politico, il explique : « C’est la seule démocrate capable d’apaiser à la fois le lobby des entreprises et celui des écologistes. »

Il soutient aussi son action face au coronavirus et ajoute : « La Parti démocrate manquerait une occasion en ne considérant pas Gretchen Whitmer comme candidate à la [vice-]présidence. Elle est la gouverneure d’un Etat incontournable [pour l’élection de novembre] et les sondages lui sont très favorables en ce moment. » Le 8 novembre 2016, Donald Trump avait remporté cet Etat à la surprise générale avec un peu plus de 10 700 voix d’avance sur Hillary Clinton.

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