Le cas du Venezuela ramène le droit d’ingérence humanitaire sur le devant de la scène

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Alors que Juan Guaido, proclamé président vénézuélien par intérim, place la question des aides internationales au cœur de sa stratégie, le débat sur une intervention étrangère est relancé, estime le journaliste du service International du « Monde », Marc Semo.

Par Marc Semo Publié aujourd’hui à 15h33

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Juan Guaido, le 12 février, à Caracas (Venezuela).
Juan Guaido, le 12 février, à Caracas (Venezuela). CARLOS GARCIA RAWLINS/REUTERS

Analyse. Le droit d’ingérence humanitaire était passé au second plan depuis les attentats du 11 septembre 2001, et c’est au nom de la lutte contre le terrorisme qu’avaient été menées les interventions occidentales des dernières années. Il revient sur le devant de la scène avec la crise vénézuélienne. Proclamé président par intérim par le Parlement, seule instance politique nationale contrôlée par l’opposition, Juan Guaido place la question des aides internationales au cœur de sa stratégie.

Il a annoncé que, le 23 février, des centaines de milliers de ses partisans forceront les barrages de l’armée et commenceront la distribution des stocks de nourritures et de médicaments – envoyés notamment par les Etats-unis – qui s’entassent dans les entrepôts de villes frontières en Colombie.

Lire aussi Venezuela : Guaido défie Maduro et annonce l’entrée de l’aide humanitaire le 23 février

Ces denrées sont bloquées par le régime de Nicolas Maduro qui, en dépit des évidences, nie toute « urgence humanitaire » et dénonce le « blocus » des Etats-Unis. « Empêcher ces distributions de vivres est un crime contre l’humanité », clame le jeune leader de l’opposition rappelant haut et fort ce qui est une vérité au regard du droit international humanitaire.

Dans un pays en plein chaos, avec une population aux abois frappée par la malnutrition, ce thème de l’urgence humanitaire représente un efficace levier politique pour Juan Guaido. Il en va de même pour Donald Trump. Ses menaces d’intervention dans une région longtemps considérée par Washington comme son arrière-cour semblent marquer le retour de la doctrine Monroe mais, une fois n’est pas coutume, il joue aussi le multilatéralisme. Dans son sillage, plus d’une quarantaine de pays, dont 21 des 28 de l’Union européenne, ont reconnu Juan Guaido. L’aide pour un peuple au désespoir représente une thématique porteuse.

La doctrine du « French doctor »

Réunie dans la capitale américaine le 14 février, l’Organisation des Etats américains a collecté 100 millions de dollars (88,4 millions d’euros). Les parrains du régime, à commencer par la Russie, mettent en garde l’administration Trump contre « tout recours à la force », laissant entendre que la question de la distribution des aides n’est qu’un prétexte alors même que le locataire de la Maison Blanche rappelle que « toutes les options sont sur la table ».

« Ce retour de l’ingérence humanitaire relance le débat sur ses ambiguïtés et de manière plus générale, sur l’interventionnisme occidental », note Nicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po Paris. Forgé à la fin des années 1980 par le juriste Mario Bettati et l’ex-« French doctor » Bernard Kouchner, le concept justifie le fait de porter secours à des populations victimes de catastrophes naturelles ou de violences politiques en passant outre l’opposition de leurs gouvernements.

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