Le Canada, plus que jamais refuge des cerveaux iraniens

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Cérémonie de naturalisation, le 2 mai, à Toronto, au Canada.
Cérémonie de naturalisation, le 2 mai, à Toronto, au Canada. Carlos Osorio/Toronto Star/Getty Images

« Rentrer d’ici à quelques années ? Je ne sais pas, le pays sera probablement en guerre… » A en croire Reza, l’avenir de l’Iran s’annonce sombre. Alors son avenir à lui, cet étudiant de 29 ans en génie civil le voit au Canada. Loin des tensions du Golfe et de la mer d’Oman, où Washington accuse Téhéran d’avoir attaqué deux pétroliers étrangers le 13 juin puis d’avoir abattu un de ses drones dans les eaux internationales.

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Passé par la renommée université de technologie de Sharif, dans la capitale iranienne, il a quitté sa patrie natale pour Toronto et son université des sciences appliquées en septembre 2015. Quelques mois seulement après la signature de l’accord international sur le nucléaire iranien. Et les promesses d’une relance économique pour Téhéran, asphyxié par des années de sanctions. « La situation financière restait tellement mauvaise que vous ne pouviez obtenir aucun fonds pour vos recherches, juge Reza. C’est ce qui pousse les diplômés à partir. »

La République islamique, où le taux de chômage des 15-24 ans avoisine les 30 %, est depuis des années touchée par l’une des fuites des cerveaux les plus massives au monde. L’élection de Donald Trump n’a pas aidé à changer la donne. En mai 2018, le président américain a mis ses menaces à exécution en quittant l’accord multipartite. « A partir de ce jour-là, mon directeur de thèse a reçu des appels quotidiens d’étudiants iraniens », se souvient Pouyan Tabasinejad, doctorant en stratégie d’entreprise et membre du Congrès des Irano-Canadiens, créé en 2007 pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants.

Rentrer un jour ?

Avec le retour annoncé des sanctions américaines, le Canada, pays anglophone qui séduit avec sa politique migratoire, s’est imposé comme une terre d’accueil privilégiée : le nombre d’étudiants iraniens y a augmenté de 115 % entre 2016 en 2018. Soit 10 000 jeunes au total qui gonflent une importante communauté déjà bien établie de plus de 200 000 personnes.

Certains avaient d’abord les établissements du voisin américain en ligne de mire. « J’avais une admission pour une faculté là-bas, mais le “travel ban” est arrivé… », semble encore regretter Babak. Le futur ingénieur en transports fait référence au décret présidentiel, signé en janvier 2017, interdisant l’accès au sol américain aux ressortissants de sept pays musulmans, dont l’Iran.

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« C’était déjà compliqué pour nous avant Trump, tient à noter Shahrzad. Mon frère, admis à Stanford, s’est vu refuser trois demandes de visa sans raison sous Obama. » Cette chercheuse en biologie n’a pas eu ce souci pour intégrer, en 2016, l’université de Toronto. Depuis, elle est ravie de mener ses travaux sereinement : « L’institut pour lequel je travaillais à Téhéran était vraiment à la pointe en termes d’installations. Mais la qualité de la recherche n’était pas à la hauteur à cause des sanctions. » Exemple : devoir patienter six mois après la commande d’un simple anticorps. « Sans aucune garantie que la chaîne du froid soit respectée, précise-t-elle, car il fallait passer par des intermédiaires. Ici, l’affaire est réglée en deux semaines ! »

« J’aurais peut-être une meilleure qualité de vie ici, mais j’appartiens à l’Iran et je veux être utile à mon pays. » Zahra

Comme d’autres, Shahrzad espère obtenir le statut de résidente permanente, même si elle garde l’espoir de rentrer un jour en Iran. « Si une porte s’ouvre. Le problème est que la situation économique est totalement imprévisible car elle dépend des gouvernements iranien et américain. D’une élection à une autre, ta vie peut changer pour quatre ou cinq ans. » « Je sais que le pays a besoin de nous, concède Ali, dont la famille est à la tête d’une florissante entreprise iranienne de construction. Mais ce serait perdre mon temps de rentrer. De toute façon, hors de question de faire mon service militaire. » Le jeune homme n’a pas non plus oublié le cas symbolique de Kaveh Madani. Ce scientifique avait répondu aux appels du pied envers la diaspora du président Hassan Rohani. Rentré au pays, il avait été accusé d’espionnage et contraint de repartir.

« C’est clairement le mauvais exemple, concède Zahra, une autre chercheuse en ingénierie des transports. Seulement, si on ne rentre pas, qui prendra la responsabilité d’aider le pays ? Je ne comprends pas ceux qui s’en vont et déplorent que l’Iran ne se développe pas. » La jeune femme de 28 ans, consciente que son discours est minoritaire, prendra donc tôt ou tard son billet de retour.

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« J’aurais peut-être une meilleure qualité de vie ici, mais j’appartiens à l’Iran et je veux être utile à mon pays », insiste Zahra, pas toujours bien vue lors de manifestations entre compatriotes, quand elle se retrouve la seule à porter le hidjab. « On n’a jamais voulu une telle situation, s’attriste Nima, arrivé au Canada il y a un an et demi, comme son père l’avait fait avant lui. Je pense qu’au fond on veut tous rentrer un jour dans notre vrai chez nous. Ne serait-ce que pour le simple plaisir de partager le pain en famille. »

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