le Cambodge soigne ses traumas en images

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Le festival Photo Phnom Penh (PPP), qui fête ses dix ans, expose treize artistes dans la capitale.

Par Publié aujourd’hui à 15h30

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L’un des autoportraits de la série « Le Kroma Khmer » (2019), dans laquelle le photographe Vannak Khun s’est mis en scène avec le « kroma », l’élément vestimentaire cambodgien le plus caractéristique, utilisé aussi bien comme pagne que comme couvre-chef, dans toutes les classes sociales.
L’un des autoportraits de la série « Le Kroma Khmer » (2019), dans laquelle le photographe Vannak Khun s’est mis en scène avec le « kroma », l’élément vestimentaire cambodgien le plus caractéristique, utilisé aussi bien comme pagne que comme couvre-chef, dans toutes les classes sociales. VANNAK KHUN

Quarante ans après la chute du régime génocidaire des Khmers rouges, l’art contemporain du Cambodge – et tout particulièrement la photographie – serait-il devenu, en Asie du Sud-Est, un modèle du genre ? C’est ce que veut démontrer, pour sa dixième édition, le festival Photo Phnom Penh (PPP), qui n’a pas peu contribué à l’émergence de cette « école » khmère.

Sans compter la trentaine d’œuvres projetées lors des soirées de vernissage, treize artistes cambodgiens sont exposés, depuis le 24 octobre et pour un mois, en plusieurs points « stratégiques » de la capitale : Institut français du Cambodge, murs de l’ambassade de France et de la délégation européenne, nouvelle galerie Sra’art, espace de création branché Futures Factory, île de Ko Pich, etc. Ces photographies permettent de dégager deux constantes : la persistance du traumatisme de la période khmère rouge, exprimé parfois de manière détournée par des artistes souvent trop jeunes pour avoir vécu dans leur chair l’épouvante ; la volonté d’illustrer le réel, quelquefois sur un mode loufoque ou distancié, de cette « démocrature » extrême-orientale – boom économique, creusement des inégalités, musellement de la parole politique…

Le plus âgé d’entre eux, l’ancien photographe de presse Mak Remissa, la cinquantaine, qui expose en ce moment des autoportraits peints à l’huile, avait autrefois choisi le biais de figurines en papier découpées, puis photographiées, pour illustrer la tragique évacuation de Phnom Penh par les Khmers rouges, le 17 avril 1975.

« Une esthétique singulière »

Beaucoup plus jeune, Kong Vollak, né en 1983, a retrouvé dans des archives familiales de vieux clichés noir et blanc datant de la période d’avant la prise de pouvoir par les « polpotistes ». Il a retravaillé les photos de manière inattendue : « J’ai décidé de rendre ces souvenirs précieux en les traitant avec de la peinture d’or », avertit l’artiste. Sur les murs d’une salle de l’Institut français défilent ainsi de poignantes figures de la mélancolie couleur sépia et dorées aux entournures : babas cool barbus de la fin des années 1960, famille au complet posant devant un temple bouddhiste, convives autour d’un bol de soupe. Monde englouti par le projet fou furieux de « nouvelle société » imaginé par Pol Pot et sa « clique ».

Mais l’« école » khmère contemporaine ne se résume pas à l’inventaire du terrible passé : « Trois seulement d’entre ces photographes ont connu la période khmère rouge », explique Christian Caujolle, directeur artistique de Photo Phnom Penh. « Les créations de ces artistes sont toutes différentes et se caractérisent par la production d’une esthétique singulière, mais sans tomber dans l’esthétisme : leur but, le plus souvent, est de parler de la société cambodgienne. » Créé en 2009 par cet ancien de Libération et fondateur de l’agence VU – mais à l’initiative du directeur de l’Institut français de l’époque, Alain Arnaudet –, ce festival « est devenu désormais aussi une affaire très cambodgienne », comme s’en félicite Christian Caujolle.

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