Le Cachemire indien boude les élections législatives

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L’abstention traduit la défiance de la population envers le pouvoir central dans une région autonomiste où les tensions restent fortes.

Par Julien Bouissou Publié aujourd’hui à 10h55, mis à jour à 12h05

Temps de Lecture 6 min.

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Un bureau de vote dans la banlieue de Srinagar, dans le Cachemire, le 18 avril.
Un bureau de vote dans la banlieue de Srinagar, dans le Cachemire, le 18 avril. Mukhtar Khan / AP

Le scrutin organisé jeudi 18 avril à Srinagar, capitale du Cachemire indien, avait des allures de jour de deuil. Magasins fermés, rues désertes… Seuls les bureaux de vote étaient ouverts, facilement repérables aux petits groupes de soldats postés devant. Tandis qu’ailleurs en Inde, le vote est célébré comme un symbole de la démocratie, ici, c’est tout le contraire : il est interprété comme un geste d’allégeance à New Delhi et à la souveraineté indienne dont de nombreux Cachemiris veulent se défaire. Le taux de participation a été de 14 % à Srinagar, l’un des plus bas dans le pays.

La commission électorale avait pourtant redoublé d’efforts pour attirer le maximum d’électeurs, notamment l’aménagement de « bureaux de vote roses » avec uniquement des femmes comme assesseures. Courte barbe et sac en bandoulière estampillé du logo de la commission électorale, Gulzar est le responsable du bureau de vote dans une école du quartier de Nowhatta.

« Un travail pour mon fils »

Il a passé les huit derniers jours à se rendre au domicile de chaque électeur pour leur distribuer l’attestation de leur inscription sur les listes électorales. Des efforts inimaginables ailleurs en Inde. « 80 % des gens m’ont fermé la porte au nez », explique-t-il. Mais il ne leur en veut pas, car lui-même a décidé de ne pas voter : « Ce serait capituler face à l’Inde, qu’ils aillent plutôt en enfer. »

Gulzar s’est retrouvé responsable du bureau de vote malgré lui, en tant qu’employé municipal. A ses côtés, Mohammad, blouson de cuir noir et barbe de trois jours, a bien été obligé de voter, car il est l’observateur, au bureau de vote, de l’un des partis en lice : « Une journée de travail à 1 500 roupies [19 euros], ça ne se refuse pas, même si j’aurais préféré m’abstenir. » Gulzar fulmine en l’écoutant : « Si la participation est élevée, alors l’Inde va se vanter en disant que le Cachemire plébiscite la démocratie indienne. »

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Dans le bureau de vote vide, les deux hommes continuent de discourir jusqu’à se mettre d’accord sur un point : « Le taux de participation sera le plus bas possible, inchallah. » Vendredi, ils iront tous les deux à la grande mosquée de Srinagar protester contre l’« occupation indienne ». Soudain, un groupe de femmes arrive, le visage enroulé dans des foulards pour cacher leur identité dans une région où un électeur risque les représailles des séparatistes. Elles ne sont pas les seules. Lorsque des photographes de presse arrivent à leur tour au bureau de vote, la quasi-totalité des assesseurs s’envole comme des moineaux.

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