« Le but des extrémistes de droite reste d’allumer un conflit racial »

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Des membres du groupe d’extrême droite Proud Boys roulent un drapeau américain à Salem, Oregon, le 7 septembre 2020.

Une nouvelle manifestation pro-Trump est prévue samedi 26 septembre à Portland, à l’initiative du groupe d’extrême droite, les Proud Boys. Les organisations d’extrême gauche ont prévu de tenir une contre-manifestation au même moment. Il y a trois semaines, l’affrontement entre les factions extrémistes avait fait deux morts, un dans chaque camp. Randy Blazak, sociologue, professeur à l’université de Portland, est le président de la Coalition contre les crimes de haine (« hate crimes ») de l’Oregon, un groupe qui inclut des représentants de la société civile et des forces de l’ordre. Connu pour ses enquêtes « undercover » dans les milieux skinheads, il revient sur les mouvements extrémistes qui agitent le nord-ouest des Etats-Unis.

Pourquoi tant d’extrémisme dans un Etat semi-rural de 4,2 millions d’habitants ?

Il y a une dimension historique. L’Oregon s’est construit comme un Etat « blanc ». Les Noirs y étaient exclus, en vertu même de la Constitution. Le Ku Klux Klan y était très puissant. La tradition de suprématie blanche s’est prolongée au XXsiècle. Puis sont apparus les mouvements fondamentalement hostiles au gouvernement fédéral, les néonazis comme Aryan Nations, et maintenant des « hate groups » (« groupes de propagande haineuse ») très organisés.

A l’extrême gauche, il y a une tradition radicale dans le Pacifique nord-ouest, créée par des marxistes, des socialistes. Ce quartier où nous nous trouvons (Alberta Street) comptait plus d’anarchistes que nulle part ailleurs. Le 1er-Mai est une date importante à Portland, avec des grandes manifestations. La ville a toujours eu cette classe moyenne blanche, éduquée, progressiste, une sorte d’intelligentsia radicale. John Reed, l’auteur des 10 jours qui ébranlèrent le monde [1919], est né à Portland. Ici, ce sont les militants blancs qui ont porté le drapeau de l’antiracisme alors que dans d’autres villes, notamment dans le Sud, c’étaient plutôt des voix issues de la lutte pour les droits civiques.

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Ensuite sont venus les skinheads…

Portland a toujours connu cette vendetta entre radicaux de droite et de gauche. Dans les années 1990, on a vu arriver des skinheads racistes mais aussi des skinheads antiracistes : les Sharp, acronyme de « Skinheads Against Racial Prejudice ». Ceux-ci étaient les plus violents : ils essayaient de chasser les racistes de la ville. Leur affrontement a fait un mort, le 1er janvier 1993, quand le chanteur du groupe suprémaciste Bound for Glory, Eric Banks, a été tué par les antiracistes. Après, les Sharp ont évolué. Ce sont les « antifas » d’aujourd’hui. En fait, certains de ceux qu’on voit dans les manifestations actuelles sont eux-mêmes d’anciens skinheads.

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