« Le Brexit est le fruit de la nostalgie dans laquelle s’enferment les Britanniques »

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A force de ressasser le passé, les Britanniques se sont laissés manipuler par des politiciens sans vergogne, dénonce l’écrivain anglais Benjamin Myers dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 05h00 Temps de Lecture 6 min.

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Devant le Parlement britannique, à Londres, le 7 février.
Devant le Parlement britannique, à Londres, le 7 février. HENRY NICHOLLS/REUTERS

Tribune. Cette semaine, l’antenne locale de la BBC a diffusé un sujet sur la « Brexit box », une « cantine d’urgence » de 15 kg contenant quelques conserves d’aliments non britanniques tels que du poulet tikka et de la bolognaise, un filtre à eau et un allume-feu. La boîte coûte 385 £, et le fabricant qui la commercialise affirme d’un air réjoui qu’il en vend trente par jour. A elle seule, la « Brexit box » constitue un parfait symbole de la confusion et de l’absurdité comique dans lesquelles a sombré l’humeur de notre pays.

La sortie prévue du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) est un désastre d’une proportion inédite. Certains d’entre nous savaient que cela se passerait mal. Aucun ne pronostiquait que les choses se passeraient aussi mal. Au cours des deux années qui se sont écoulées depuis que le gouvernement a cédé aux pressions malveillantes de forces d’extrême droite et organisé un référendum sur la simple question « Partir ou rester ? », la société britannique s’est fracturée en tous sens et à tous les niveaux. Où que nous allions flotte la mauvaise odeur du mot « Brexit ».

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Le récent rejet parlementaire du projet d’accord de sortie proposé par la première ministre, Theresa May, puis, le lendemain, la motion de censure qu’elle a réussi à repousser de justesse (si elle avait échoué, elle aurait été contrainte de quitter son poste, laissant ce navire en détresse sans même un mauvais capitaine) seraient risibles si les emplois, les entreprises et l’avenir de milliers de gens n’étaient pas en cause. Dans quelques décennies, on fera de cette affaire un grand film mettant en scène une brochette de clowns amateurs et de marionnettes décaties, s’agitant parmi les cris des animaux de la ferme. Avec probablement Hugh Grant au générique.

Au bord du précipice

Le référendum lui-même est sujet à controverse, qui a vu la campagne du « Leave » promettre à tout-va plusieurs avantages illusoires, plus particulièrement une manne de 350 millions de livres permettant d’ouvrir un nouvel hôpital par semaine, alors que le financement de cette campagne est toujours en cours d’investigation. Quant au camp du « Remain », il s’est montré faible et privé d’orientation claire, lâché qu’il fut par un dirigeant de l’opposition, le travailliste Jeremy Corbyn, qui a toujours été un eurosceptique.

Mais tout cela appartient désormais au passé, et aujourd’hui, le Royaume-Uni vacille au bord du précipice. Qu’y distinguons-nous ? Rien que des ténèbres. Il n’y a que deux raisons pour lesquelles les Britanniques ont voté pour quitter l’UE. En premier lieu, beaucoup ont succombé à la diabolisation quotidienne des « autres » (étrangers, musulmans, demandeurs d’asile, « bureaucrates de Bruxelles »), qui a été l’effet de ruissellement des événements du 11 septembre 2001. Cette diabolisation s’est donné libre cours dans les tabloïds de droite, qui exercent encore une forte influence médiatique. La deuxième raison tient à l’effondrement des banques, en 2008, et à la crise économique qui s’en est suivie. La peur et la pauvreté, voilà pourquoi les gens ont voulu quitter l’UE. La peur et la pauvreté.

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