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Malgré le bain de sang occasionné par la répression militaire, manifestations et grèves se poursuivent en Birmanie. Les opposants au putsch tentent de déjouer l’oppression à l’aide de nouveaux moyens d’action. Samedi 10 avril, certains d’entre eux ont ainsi maculé de peinture rouge plusieurs artères du centre de Rangoun, capitale économique du pays, dans le cadre d’une initiative baptisée « Mouvement rouge ».
« Unissons-nous et montrons hardiment en rouge qu’il ne sera pas du tout permis au régime dictatorial de nous gouverner », a proclamé un étudiant sur Facebook. Des tracts arborant le slogan « Ils ne nous gouverneront pas » ont été éparpillés dans plusieurs quartiers de Rangoun pour les uns, quand d’autres ont été collés dans la deuxième ville du pays, Mandalay (centre), notamment sur la statue du général Aung San, héros de l’indépendance birmane et père d’Aung San Suu Kyi. Cette dernière, Prix Nobel de la paix en 1991, demeure détenue au secret depuis le coup d’Etat militaire du 1er février. Elle fait l’objet d’une série d’accusations en justice de la part de la junte présentement au pouvoir.
Depuis le renversement du gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, la Birmanie est secouée par des manifestations quotidiennes, au cours desquelles 618 civils au moins ont pour l’heure été tués, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques. La junte, qui qualifie les victimes de « violents terroristes », comptabilise pour sa part 248 morts depuis le 1er février, ainsi que l’a déclaré un de ses porte-parole vendredi.
Plusieurs civils birmans ont supplié le Conseil de sécurité de l’ONU d’agir, et le représentant permanent de la Birmanie auprès des Nations unies, Kyaw Moe Tun, limogé par la junte mais toujours en fonction, a lui aussi imploré : « S’il vous plaît, s’il vous plaît, passez à l’action. » Il a réclamé une « zone d’exclusion aérienne » pour contrer les raids du régime contre des minorités, avec des sanctions contre la junte et un embargo sur les armes.
L’émissaire de l’ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, a entamé vendredi en Thaïlande une tournée qui doit la conduire en Chine puis dans divers pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, dont un sommet d’urgence est prévu pour le 20 avril à Jakarta. La Birmanie a de son côté refusé d’accueillir Mme Schraner Burgener sur son sol.
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19 personnes condamnées à mort
Les restrictions imposées par la junte vis-à-vis de l’accès aux données mobiles et à Internet entravent la circulation et la vérification des informations, mais des détails filtraient, samedi, au sujet des violences survenues la veille à Bago (à 65 kilomètres au nord-est de Rangoun), et qui ont poussé de nombreux habitants à se réfugier dans les villages voisins.
« Plus de 80 manifestants contre le coup d’Etat ont été tués par les forces de sécurité à Bago, vendredi », a déclaré ce samedi l’Association d’aide aux prisonniers politiques. Les forces de l’ordre ont empêché les secouristes de récupérer les corps, a par ailleurs expliqué un habitant de la ville à l’AFP. « Ils ont empilé tous les cadavres, les ont chargés dans leur camion militaire et les ont emportés », a-t-il rapporté, avant d’ajouter que les autorités avaient par la suite procédé à des arrestations alentour.
Vendredi, plusieurs médias locaux ont relaté la condamnation de 19 personnes à la peine capitale – dont 17 par contumace – pour des faits de vol ou de meurtre, à l’issue d’une salve d’arrestations survenues dans le bidonville d’Okkalapa Nord, dans la banlieue de Rangoun – l’une des six zones où la loi martiale est en vigueur.
Ces condamnations à la peine de mort pour des faits de droit commun – une première depuis le coup d’Etat – ont été dénoncées samedi par l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW). « Cela montre que les militaires sont prêts à retourner au temps où des personnes étaient exécutées en Birmanie [soit plus de trente ans en arrière] », a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint de la zone Asie de HRW. Ces condamnations pourraient avoir comme but de décourager les manifestations et de contraindre la population à se remettre au travail, selon M. Robertson. « Leur but est de chasser les gens de la rue par le recours à la force et à la violence », a-t-il souligné.
La Norvège a qualifié samedi ces condamnations d’« inacceptables et [de] profondément inquiétantes ». « La Norvège exhorte la Birmanie à ne pas exécuter ces sentences, à faire cesser la violence et à permettre à l’envoyée de l’ONU de se rendre sur place », a déclaré la ministre norvégienne des affaires étrangères, Ine Eriksen Soreide, dans un tweet.
La communauté internationale s’alarme de plus en plus de la situation. Certes la Russie et la Chine rejettent l’idée d’appliquer des sanctions, mais les Etats-Unis ainsi que plusieurs pays européens ont fait part, vendredi au Conseil de sécurité, de leur volonté d’aller au-delà des trois déclarations unanimes adoptées depuis le putsch.
Allié traditionnel de l’armée birmane, Pékin s’inquiète néanmoins de l’instabilité dans le pays. Diverses informations de presse attestent que la Chine serait entrée en contact avec le groupe de résistance CRPH (Comité pour représenter le Pyidaungsu Hluttaw), l’organe législatif birman dissous après le putsch.
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