L’Allemagne porte un intérêt économique croissant à l’Afrique

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Si le continent n’est toujours pas la priorité de la diplomatie ultra-rhénane, le gouvernement d’Angela Merkel est loin d’être indifférent à son devenir.

Par Thomas Wieder Publié aujourd’hui à 11h48

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La chancelière allemande Angela Merkel et le président sénégalais Macky Sall, à Dakar, en août 2018.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président sénégalais Macky Sall, à Dakar, en août 2018. Sylvain Cherkaoui / REUTERS

Les clichés ont la vie dure. Tel celui d’une Allemagne qui, pour des raisons historiques liées à l’importance secondaire de son empire colonial, s’intéresserait peu à l’Afrique. « La France regarde vers le Sud, l’Allemagne vers l’Est. Cette image à propos des priorités stratégiques et des champs d’action diplomatique des deux Etats est bien ancrée dans les esprits », observe Claire Demesmay, chercheuse à la DGAP, un cercle de réflexion berlinois spécialisé dans les relations internationales, et auteure du récent essai Idées reçues sur l’Allemagne (Le Cavalier bleu, 2018). « Cela étant, l’image d’une Allemagne indifférente à l’Afrique mérite d’être corrigée. Si ce n’est toujours pas la priorité de la diplomatie allemande, du moins le gouvernement développe-t-il un intérêt croissant pour la région », poursuit-elle.

Le premier tournant date des années 2000, à l’époque de la présidence d’Horst Köhler. « A mes yeux, l’humanité de notre monde se jugera au destin de l’Afrique », avait déclaré l’ex-directeur du Fonds monétaire international dans son discours d’investiture devant le Bundestag, le 1er juillet 2004. La formule avait frappé les esprits, même si le « partenariat avec l’Afrique » qu’il a promu jusqu’à la fin de son mandat, en 2010, a eu peu de retombées concrètes.

Le second tournant date de la crise des réfugiés, en 2015. Alors que l’Allemagne accueille, en une année, 900 000 migrants, principalement originaires du Moyen-Orient, Angela Merkel commence à insister sur le fait que « le développement de l’Afrique est le grand enjeu de notre époque ». La croissance économique comme réponse au défi migratoire. Cette politique a un nom : Fluchtursachenbekämpfung, ­littéralement « lutte contre les causes de l’immigration », un terme allemand qui devient alors central dans le débat public.

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Retour sur investissement gagnant

En janvier 2017, le ministre du développement, Gerd Müller, appelle à « un plan Marshall pour l’Afrique », en référence à l’aide apportée par les Etats-Unis à l’Europe après-guerre. Deux mois plus tard, l’Allemagne, qui occupe la présidence tournante du G20, lance l’initiative « Compact with Africa »,pour inciter les entreprises à accroître leurs investissements en Afrique.

Le retour sur investissement est gagnant. En 2017, elle a dépassé la France comme premier fournisseur européen en Afrique. En 2018, ses investissements ont dépassé les dix milliards d’euros, une hausse de 10 % en un an. Géographiquement, ils se sont diversifiés, même si des voix se sont élevées outre-Rhin pour souligner que les pays profitant le plus de ces programmes sont ceux déjà en expansion et non ceux qui en auraient le plus besoin.

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