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Si le continent n’est toujours pas la priorité de la diplomatie ultra-rhénane, le gouvernement d’Angela Merkel est loin d’être indifférent à son devenir.
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Les clichés ont la vie dure. Tel celui d’une Allemagne qui, pour des raisons historiques liées à l’importance secondaire de son empire colonial, s’intéresserait peu à l’Afrique. « La France regarde vers le Sud, l’Allemagne vers l’Est. Cette image à propos des priorités stratégiques et des champs d’action diplomatique des deux Etats est bien ancrée dans les esprits », observe Claire Demesmay, chercheuse à la DGAP, un cercle de réflexion berlinois spécialisé dans les relations internationales, et auteure du récent essai Idées reçues sur l’Allemagne (Le Cavalier bleu, 2018). « Cela étant, l’image d’une Allemagne indifférente à l’Afrique mérite d’être corrigée. Si ce n’est toujours pas la priorité de la diplomatie allemande, du moins le gouvernement développe-t-il un intérêt croissant pour la région », poursuit-elle.
Le premier tournant date des années 2000, à l’époque de la présidence d’Horst Köhler. « A mes yeux, l’humanité de notre monde se jugera au destin de l’Afrique », avait déclaré l’ex-directeur du Fonds monétaire international dans son discours d’investiture devant le Bundestag, le 1er juillet 2004. La formule avait frappé les esprits, même si le « partenariat avec l’Afrique » qu’il a promu jusqu’à la fin de son mandat, en 2010, a eu peu de retombées concrètes.
Le second tournant date de la crise des réfugiés, en 2015. Alors que l’Allemagne accueille, en une année, 900 000 migrants, principalement originaires du Moyen-Orient, Angela Merkel commence à insister sur le fait que « le développement de l’Afrique est le grand enjeu de notre époque ». La croissance économique comme réponse au défi migratoire. Cette politique a un nom : Fluchtursachenbekämpfung, littéralement « lutte contre les causes de l’immigration », un terme allemand qui devient alors central dans le débat public.
Retour sur investissement gagnant
En janvier 2017, le ministre du développement, Gerd Müller, appelle à « un plan Marshall pour l’Afrique », en référence à l’aide apportée par les Etats-Unis à l’Europe après-guerre. Deux mois plus tard, l’Allemagne, qui occupe la présidence tournante du G20, lance l’initiative « Compact with Africa »,pour inciter les entreprises à accroître leurs investissements en Afrique.
Le retour sur investissement est gagnant. En 2017, elle a dépassé la France comme premier fournisseur européen en Afrique. En 2018, ses investissements ont dépassé les dix milliards d’euros, une hausse de 10 % en un an. Géographiquement, ils se sont diversifiés, même si des voix se sont élevées outre-Rhin pour souligner que les pays profitant le plus de ces programmes sont ceux déjà en expansion et non ceux qui en auraient le plus besoin.
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