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En 2014, la fin du seuil d’éligibilité pour l’élection des eurodéputés avait permis l’irruption des petits partis d’outre-Rhin au Parlement européen. Un phénomène que devrait confirmer le scrutin du 26 mai.
C’est du jamais-vu en Allemagne : 41 partis politiques ont été autorisés par la commission électorale fédérale à présenter des listes aux élections européennes du 26 mai. Le record de 2009 est battu : cette année-là, les Allemands avaient eu le choix entre 31 listes. Il n’y en avait jamais eu autant, outre-Rhin, depuis le premier scrutin européen au suffrage universel direct, en 1979.
Comment expliquer une telle profusion ? La réponse est à chercher dans les résultats des élections européennes de 2014. En Allemagne, celles-ci se sont déroulées dans des conditions inédites. A la suite de deux décisions de la Cour constitutionnelle fédérale, à Karlsruhe, il fut en effet décidé que, pour la première fois, aucun seuil d’éligibilité ne s’appliquerait pour l’élection des eurodéputés. Jusque-là, une liste devait obtenir au moins 3 % des voix pour entrer au Parlement européen.
Cette modification des règles du jeu a eu une conséquence directe : en 2014, sept partis ayant recueilli entre 0,6 % et 1,5 % des suffrages outre-Rhin ont ainsi réussi à décrocher un siège de député européen. Parmi eux, le Parti de la protection des animaux ; le Parti pirate, défenseur des droits des citoyens sur Internet ; le Parti national-démocrate, ouvertement néonazi ; ou encore l’inclassable Die Partei (« Le Parti »), dont la tête de liste, ex-rédacteur de la revue satirique Titanic, s’est fait élire malgré des propositions résolument loufoques allant de la construction d’un mur autour de la Suisse à l’octroi du droit de vote aux 12-52 ans…
Des petits partis qui en disent long
En démontrant qu’il était possible d’entrer au Parlement européen malgré des scores dérisoires, ces petits partis ont fait des émules. En vue du scrutin du 26 mai, pas moins de 59 organisations ont ainsi cherché cette année à se faire adouber par la commission électorale fédérale. Présidé par le patron de l’Office de la statistique, l’équivalent de l’Insee en Allemagne, cette instance, composée de juges administratifs et de représentants des grands partis, en a finalement retenu 41.
Une des listes a ainsi pour seul programme l’instauration d’un revenu de base, tandis qu’une autre fait uniquement campagne sur la promotion de la démocratie directe et du référendum.
Rendue publique le 15 mars, la liste donne une idée des mutations de la scène politique allemande. Ainsi de la présence de cinq petites formations écologistes : dans un pays où les Verts connaissent une poussée sans précédent dans les sondages et où les manifestations du vendredi pour le climat mobilisent davantage que dans la plupart des autres pays européens, cette inflation ne doit rien au hasard. De même, il n’est pas fortuit que trois formations ultranationalistes aient, cette fois, décidé de se présenter : deux ans après l’entrée en force de l’AfD au Bundestag, leurs candidatures témoignent de l’audience, inédite depuis la seconde guerre mondiale, dont jouit aujourd’hui l’extrême droite allemande. Enfin, certaines listes témoignent de l’émergence de nouvelles thématiques dans le débat public allemand : l’une d’entre elles a ainsi pour seul programme l’instauration d’un revenu de base, tandis qu’une autre fait uniquement campagne sur la promotion de la démocratie directe et du référendum.
Lesquels de ces petits partis parviendront-ils à faire élire des eurodéputés ? La question se pose d’autant plus que le scrutin du 26 mai pourrait être le dernier à leur offrir une chance de décrocher un siège. Le 13 juillet 2018, le Conseil de l’UE a en effet décidé que les Etats membres ayant plus de 35 élus au Parlement européen devaient, d’ici à 2024, fixer un seuil d’éligibilité compris entre 2 % et 5 %. C’est déjà le cas de la Pologne, de la France et de l’Italie. Seules l’Espagne et l’Allemagne, qui comptent respectivement 54 et 96 eurodéputés, ne se sont pas encore mises à l’unisson de leurs voisins.
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