« L’Allemagne a développé l’approche la plus complète de la lutte contre l’extrême droite »

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L’exemple allemand le montre : pour contrer efficacement la droite radicale, les moyens employés doivent être intégrés à la protection et au renforcement de la démocratie elle-même, explique la sociologue Cynthia Miller-Idriss dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Manifestation d’extrême droite, le 27 août 2018, à Chemnitz, en Allemagne, après la mort d’un Allemand de 35 ans poignardé à la suite d’une dispute avec des étrangers.
Manifestation d’extrême droite, le 27 août 2018, à Chemnitz, en Allemagne, après la mort d’un Allemand de 35 ans poignardé à la suite d’une dispute avec des étrangers. ODD ANDERSEN / AFP

Tribune. A la suite des attaques terroristes contre deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, le 15 mars, de nombreux pays ont décidé de renforcer leurs systèmes de surveillance et de contrôle des groupes d’extrême droite. Mais des services de renseignement plus efficaces sont-ils vraiment la meilleure réponse ?

L’Allemagne est sans doute le pays le mieux placé pour répondre à cette question. Après la chute du nazisme, elle a entamé un long travail pour reconstruire la démocratie, avant de devoir faire face à un retour de l’extrême droite au sein de la jeunesse dans les années 1980 et 1990. Elle a donc développé ce qui est incontestablement aujourd’hui l’approche la plus ambitieuse et la plus complète pour combattre l’extrême droite dans son ensemble. Celle-ci nous enseigne qu’une stratégie nationale qui se concentre sur la surveillance des extrémistes ne sera jamais suffisante. En effet, pour contrer efficacement la droite radicale, les moyens employés doivent être profondément intégrés à la protection et au renforcement de la démocratie elle-même.

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En Allemagne, le fait que la prévention de l’extrémisme est inscrite dans une pratique démocratique plus large signifie qu’elle fait partie des missions confiées à un grand nombre de fonctionnaires fédéraux, régionaux et locaux. Par exemple, les agences de renseignement sont littéralement appelées « Office de protection de la Constitution » (Bundesamt für Verfassungsschutz). En outre, la police allemande est formée pour identifier en cours d’enquête les éventuelles motivations haineuses des crimes commis.

Un vaste projet d’éducation publique

Enfin, les instituteurs, dans le cadre de leur mission d’enseignement des valeurs démocratiques, ont aussi pour mandat de faire de la prévention contre l’intolérance. Ils doivent être prêts notamment à débattre avec leurs élèves qui tiennent des propos d’extrême droite, ce qui demande d’investir pour les préparer à ces échanges. C’est notamment le cas à Dresde, où un projet pilote de trois ans a offert une formation intensive à des enseignants afin qu’ils apprennent à reconnaître les codes culturels de la jeunesse d’extrême droite.

Cette approche permet d’ancrer la lutte contre l’extrémisme dans un vaste projet d’éducation publique et d’établir une responsabilité collective plutôt que de compter sur de petits groupes, comme des professeurs d’histoire ou de sciences sociales. En Allemagne, les services fédéraux et régionaux d’éducation civique travaillent main dans la main avec les organisations locales. Ils proposent régulièrement des événements, des ateliers, des livres subventionnés et autres outils en même temps que des formations spécifiques pour les travailleurs sociaux, les parents, etc.

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