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L’année 2019 s’achève sur une note sombre pour le gouvernement Modi. Lundi 23 décembre, le Parti du peuple indien (nationalistes hindous, BJP) a perdu les élections régionales qui viennent de se dérouler au Jharkhand, un Etat forestier et tribal du centre-est de l’Inde, qu’il avait ravi en 2014 au parti local, le Jharkhand Mukti Morcha, un allié du Parti du Congrès de la famille Gandhi. Selon les résultats presque définitifs publiés en milieu de journée, la coalition de centre gauche aurait remporté plus de 40 sièges sur 81, tandis que le BJP n’en aurait obtenu qu’une petite trentaine, deux fois moins que ce qu’il prétendait pouvoir gagner.
C’est une nouvelle défaite personnelle pour le premier ministre, qui s’était rendu au Jharkhand à neuf reprises durant la campagne. Mais c’est aussi la confirmation du reflux de la « vague Modi » qui submergeait le pays à chaque scrutin régional depuis 2014, jusqu’à ce que la tendance commence à s’inverser en 2018.
Au mois d’octobre, le BJP est certes arrivé en tête aux élections du Maharashtra, l’Etat de la côte ouest (115 millions d’habitants) qui a Bombay pour capitale, mais son allié local, le parti d’extrême droite Shiv Sena, lui a finalement fait faux bond pour former une alliance avec la gauche. En octobre toujours, la droite nationaliste a conservé d’extrême justesse l’Haryana, à l’ouest de Delhi, en s’associant in extremis avec des partenaires régionaux. En décembre 2018, elle avait été battue sans appel au Rajasthan, au Madhya Pradesh et au Chhattisgarh.
Opposition « ciblée »
Ainsi que le rappelle l’hebdomadaire India Today, le BJP aura contrôlé, au sommet de sa gloire, 21 des 28 Etats de l’Union indienne, soit 71 % de la population du pays. La carte du sous-continent était alors couverte de safran, la couleur fétiche du parti de M. Modi à laquelle n’échappaient plus, parmi les grandes régions du pays, que le Karnataka (dont la capitale est Bangalore), le Tamil Nadu (Madras), le Pendjab (Chandigarh), le Bengale Occidental (Calcutta) et le Telangana (Hyderabad). Désormais, le BJP ne gouverne plus que dans 16 Etats, représentant 40 % de la population totale.
Selon la célèbre historienne Romila Thapar, « ce n’est peut-être pas la fin de la vague Modi, mais la crainte de ne pas être d’accord avec le gouvernement semble être un peu moins forte maintenant, comme le montrent les manifestations actuelles ». Une opposition « ciblée » commence à se faire jour et les mouvements de contestation contre la réforme de la nationalité « pourraient bien faire émerger de nouveaux leaders », dit-elle. Le BJP n’aurait rien imaginé de tel il y a encore quelques mois, après avoir raflé, à lui seul, la majorité absolue à la Lok Sabha, la Chambre des députés, avec 303 sièges sur 543.
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