La Turquie confrontée aux limites de la diplomatie chinoise des vaccins

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Des personnes patientent à l’intérieur d’un hôpital pour être vaccinés à Ankara, en Turquie, samedi 3 avril 2021.

Grâce au vaccin CoronaVac fabriqué en Chine, la Turquie a pu faire vacciner 18,7 millions de personnes, sur une population totale de 83 millions. Deux problèmes viennent toutefois assombrir la campagne de vaccination turque, lancée sur des chapeaux de roues le 14 janvier.

Non seulement des doutes surgissent quant à la fiabilité du CoronaVac, qualifiée récemment de « peu élevée » par Gao Fu, un haut responsable chinois de la santé, mais les doses du vaccin viennent à manquer, le laboratoire Sinovac, qui le fabrique, n’étant visiblement pas en mesure d’assurer les approvisionnements prévus vers la Turquie.

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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’en est plaint. Recevant Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, à Ankara, le 26 mars, il a insisté sur le respect des accords passés. « Nous étions convenus de la livraison d’un premier lot de 50 millions de doses du vaccin chinois. Nous ne les avons pas encore toutes reçues. Or elles devaient arriver avant fin février », a expliqué le numéro un turc.

A ce jour, 28 millions de doses ont été livrées alors qu’Ankara a commandé au total 100 millions de doses du CoronaVac. La première moitié devait être livrée avant fin février et la seconde d’ici à fin avril. Hormis le CoronaVac, la Turquie a reçu quelques millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech. Des discussions sont en cours avec la Russie pour l’achat de doses du Spoutnik V, sans résultats pour le moment.

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Cas multipliés par cinq

Véritable bouée de sauvetage, car peu onéreux et facile à conditionner, le CoronaVac illustre les limites de la « diplomatie des vaccins » proposée par Pékin aux pays émergents confrontés à la pandémie. Faute de doses suffisantes, la campagne de vaccination en Turquie voit sa cadence ralentir. Selon les prévisions, 105 millions de doses auraient dû être injectées à la fin du mois d’avril. On est loin du compte.

En Turquie, les experts s’interrogent sur les raisons de ce retard. Les capacités de production de la Chine sont mises en cause. Mais des doutes aussi surgissent sur la fiabilité des autorités chinoises, soupçonnées d’exercer un chantage sur le gouvernement turc à propos de la minorité ouïgoure hébergée dans le pays. Pékin réclamerait l’extradition des représentants ouïgours les plus actifs politiquement, le vaccin serait l’instrument de ce chantage.

Ce coup de frein dans la campagne de vaccination saisit le pays au moment où les contaminations journalières marquent un record, avec 54 562 nouveaux cas enregistrés le 12 avril, du jamais-vu depuis le début de la pandémie.

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