La stratégie diplomatique de Nétanyahou en Europe orientale rattrapée par les questions mémorielles

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La Pologne annule sa participation au sommet de Visegrad à Jérusalem, en raison d’une nouvelle controverse avec Israël au sujet de la seconde guerre mondiale.

Par Piotr Smolar et Jakub Iwaniuk Publié aujourd’hui à 06h38, mis à jour à 06h38

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Le premier ministre polonais et le premier ministre israélien, lors du sommet sur le Moyen-Orient à Varsovie, en Pologne, le 14 février.
Le premier ministre polonais et le premier ministre israélien, lors du sommet sur le Moyen-Orient à Varsovie, en Pologne, le 14 février. KACPER PEMPEL / REUTERS

L’Holocauste ne sera jamais, ni en Pologne ni en Israël, un simple chapitre historique. Pour avoir négligé cette évidence au nom de calculs politiques immédiats, Benyamin Nétanyahou vient d’essuyer un échec retentissant. En annulant sa participation à la réunion du groupe de Visegrad, prévue à Jérusalem le 19 février, la Pologne a gâché un événement diplomatique majeur pour le premier ministre israélien. Ses homologues de la République tchèque, de la Slovaquie et de la Hongrie ont certes maintenu leur déplacement. Ils devaient rencontrer M. Nétanyahou dans un cadre bilatéral. Mais l’absence polonaise et la polémique qui la motive ont obscurci cette séquence, qui devait illustrer la proximité entre l’Etat hébreu et les pays de l’Europe orientale.

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Dimanche, Benyamin Nétanyahou désignait enfin un ministre des affaires étrangères, poste qu’il cumulait depuis les élections de 2015. Le bénéficiaire, Israel Katz, s’est distingué sur le champ. Il a, en toute connaissance de cause, repris une image célèbre de l’ancien premier ministre israélien Yitzhak Shamir (1983-1984 puis 1986-1992). En 1989, ce dernier avait déclaré, au sujet de l’antisémitisme, que les Polonais « le tètent avec le lait de leur mère », ajoutant que c’était « quelque chose de profondément ancré dans leur tradition, dans leur mentalité ».

Yitzhak Shamir avait une relation intime, familiale à cette question des responsabilités dans les crimes commis contre les Juifs. Dans le village polonais où il vivait, son père, qui avait réussi à échapper à un convoi de la mort, avait été tué par ses amis d’enfance, chez qui il avait espéré trouver refuge. La mère et deux sœurs du futur premier ministre avaient aussi péri entre les mains des nazis, avait-il révélé en 1989.

La polémique mémorielle relancée

Trente ans plus tard, Israel Katz, lui-même fils de survivants de l’Holocauste, s’est inscrit dans sa lignée et a pris ses distances avec Benyamin Nétanyahou, en précisant : « Personne ne nous dira comment exprimer notre point de vue et honorer nos morts. » Israel Katz appartient à une génération qui ne peut concevoir l’idée même de réconciliation ou de pardon, tant les souffrances et les traumatismes familiaux définissent son identité. « Nous ne pardonnerons pas et nous n’oublierons pas », a-t-il dit sur le plateau de la chaîne I24 news.

En réponse, lundi matin, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a décidé que son pays ne participerait pas à la réunion du groupe de Visegrad (V4), après la « sortie raciste » de M. Katz. « Nos partenaires du groupe de Visegrad comprennent pleinement notre décision. Il y a une campagne électorale en Israël qui est propice à faire augmenter la température des conflits politiques », a-t-il expliqué. Le 14 février, en marge d’un sommet sur la paix au Moyen-Orient organisé à Varsovie à l’initiative des Etats-Unis, Benyamin Nétanyahou avait déjà relancé la polémique mémorielle entre les deux gouvernements par une simple phrase. « Je dis que des Polonais ont collaboré avec les nazis et je ne connais personne qui a été poursuivi pour une telle déclaration », avait-il soutenu.

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