La soif de vengeance de la tribu des Chaitat contre l’EI

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Des centaines de membres de cette tribu ont été massacrés pour l’exemple, égorgés, crucifiés. A Baghouz, dernier vestige de l’EI, ses soldats sont en première ligne.

Par Hélène Sallon Publié aujourd’hui à 10h12, mis à jour à 10h12

Temps de Lecture 4 min.

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Abderrazzaq Saoud (de face, à droite) avec d’autres soldats des FDS, à Baghouz (Syrie), le 4 mars.
Abderrazzaq Saoud (de face, à droite) avec d’autres soldats des FDS, à Baghouz (Syrie), le 4 mars. LAURENCE GEAI POUR “LE MONDE”

Au milieu de ses camarades des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui ripaillent bruyamment autour de plats de riz et de poulet disposés à même le sol dans une maison abandonnée sur l’arrière-front de Baghouz, dans le Sud-Est syrien, Abderazzaq Saoud fait figure de garçon discret, presque mutique. Assis à l’écart, fluet dans son uniforme beige, le jeune soldat arabe de 19 ans observe la scène en silence, le regard vague et mélancolique.

Il n’a pas la fougue de ses frères d’armes arabes, petits gars des campagnes de Deir ez-Zor, de Rakka ou d’Idlib, qui ont rejoint par milliers la coalition arabo-kurde pour combattre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) contre une solde rondelette de 150 000 livres syriennes (250 euros). Ni la conviction de ses « camarades » kurdes, façonnés par l’idéologie du Parti de l’union démocratique (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et le culte de son leader, le Turc Abdullah Öcalan, qui forme la colonne vertébrale des FDS avec sa branche armée, les YPG.

Abderrazzaq Saoud a une vengeance à assouvir contre l’EI, depuis que le groupe a soumis sa province, Deir Ez-Zor, dans le sang, en août 2014. « Quand Daech est entré dans mon village, Graniche, ils ont pris mes quatre oncles et les ont exécutés. Mon frère Taer est mort pendant les combats qui ont opposé notre village à Daech pendant deux mois. J’ai eu la chance de fuir avec ma famille », raconte, difficilement, le jeune soldat. Il dit ne plus pouvoir dormir, hanté par les cauchemars et le désir de les venger.

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Massacrés pour l’exemple

Des centaines de membres de la tribu des Chaitat ont été massacrés pour l’exemple, égorgés, crucifiés et exécutés sous les caméras des propagandistes de l’EI, en représailles à la révolte d’une partie d’entre eux. Plus de 700 ont été tués dans leurs villages, dont 100 combattants et 600 civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme ; bien plus encore selon les soldats issus de la tribu. Nous nous sommes « révoltés contre eux parce qu’ils disaient être des représentants de l’islam, mais ce n’est pas vrai », explique sommairement Abderrazzaq Saoud. C’est aussi la prise de contrôle par l’EI des puits de pétrole d’Al-Tanak et d’Al-Omar, principale source de revenus des Chaitat, qui les a poussés à la révolte.

« Certains Chaitat, qui contrôlaient les champs de pétrole, ont rejoint Daech pour avoir sa protection », précise Ali Abderrahman, un autre enrôlé de la tribu, âgé de 24 ans. Quant à lui, il a perdu un oncle et un cousin, tués dans les combats contre les djihadistes, qui étaient « 600 étrangers et 1 000 combattants du coin ». Le jeune infirmier a vécu avec sa famille sous le règne de l’EI jusqu’à la libération d’Abou Hammam, ville de 40 000 habitants, par les FDS, le 29 novembre 2017. Il s’est alors enrôlé avec la coalition arabo-kurde comme des milliers d’autres membres des Chaitat. « De 5 000 à 6 000 », estime-t-il.

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