La société civile turque priée de se taire pendant l’intervention militaire en Syrie

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Des élus pro-Kurdes démis de leur mandat, des intellectuels sous le coup d’enquêtes judiciaires : le président turc Recep Tayyip Erdogan ne laisse aucune place à la critique.

Par Publié aujourd’hui à 02h59

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LETTRE D’ISTANBUL

Sur la terrasse d’un café d’Istanbul, le 10 septembre.
Sur la terrasse d’un café d’Istanbul, le 10 septembre. OZAN KOSE / AFP

L’écrivaine turque d’origine kurde Nurcan Baysal était en voyage à Londres lorsqu’une escouade de policiers a investi son domicile à Diyarbakir, la grande ville kurde du sud-est de la Turquie, samedi 19 octobre à 5 heures du matin, semant l’effroi parmi les membres de sa famille.

« Je suis actuellement à l’étranger, donc pas détenue, mais mes deux enfants sont terrifiés. Il n’y a plus de droits de l’homme en Turquie. Quel qu’en soit le prix, je vais poursuivre ma lutte en faveur des droits humains et de la paix », a réagi la jeune femme depuis la capitale britannique sur son compte Twitter.

Militante des droits de l’homme, journaliste, auteure, Nurcan Baysal a vu son domicile perquisitionné à trois reprises en dix-huit mois. En cause, ses appels à la paix sur les réseaux sociaux, assimilés à un crime.

Au moment où l’armée d’Ankara est en pleine offensive au nord-est de la Syrie, la société civile turque est plus que jamais sommée de se taire. L’intervention, lancée le 9 octobre, vise les combattants kurdes syriens. Après avoir été les fers de lance de la coalition occidentale contre l’organisation Etat islamique (EI), ils sont devenus, depuis le retrait des forces américaines de la région, des « terroristes » auxquels le président turc Recep Tayyip Erdogan promet d’« écraser la tête ».

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La purge continue

A son retour à Diyarbakir, la jeune mère de famille encourt une mise en examen pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » ou « incitation à la haine ». Et peut-être aussi la garde à vue ; 121 personnes qui s’étaient enhardies à émettre des doutes ou, pire, à critiquer l’intervention militaire sur leurs comptes Twitter, Facebook, leurs blogs ou dans leurs articles ont ainsi passé quelques nuits au commissariat. C’est le cas du journaliste Hakan Demir, rédacteur en chef du quotidien d’opposition Birgun. Actuellement, plus de 500 personnes sont sous le coup d’enquêtes judiciaires, où critique rime avec terrorisme.

Mais les tourments des internautes, des journalistes, des écrivains ne vont peut être pas durer éternellement. Le pouvoir islamo-conservateur songe à s’amender. Selon un projet de réforme judiciaire voulu par le président Erdogan, l’expression d’une opinion ne sera bientôt plus un crime. C’est ce que dit l’article 7 de la première mouture de la loi présentée aux députés le 1er octobre. Un toilettage pris au sérieux par Ankara, soucieux de rapprocher le pays des critères européens, afin d’obtenir la libéralisation du régime des visas promise dans le cadre de l’accord signé en mars 2016 avec l’Union européenne (UE) pour bloquer les migrations vers l’Europe.

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