la saison 1974-1975 n’a pas été bien pire que les incendies actuels

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Un pompier de Nouvelle-Galles du Sud combat le feu près de Bilpin, dans la chaîne des montagnes Bleues, à l’ouest de Sydney, le 21 décembre.
Un pompier de Nouvelle-Galles du Sud combat le feu près de Bilpin, dans la chaîne des montagnes Bleues, à l’ouest de Sydney, le 21 décembre. Dan Himbrechts / AP

Les experts l’affirment : le dérèglement climatique a aggravé les incendies qui ravagent le sud -est de l’Australie. Pourtant, certains sceptiques estiment que l’ampleur de ces feux n’a rien d’exceptionnel et donc que le dérèglement climatique n’est pour rien dans cette catastrophe. Un argument en particulier circule sur les réseaux sociaux : en 1974-1975, la saison des feux de brousse aurait été bien pire qu’en 2019-2020, avec 117 millions d’hectares partis en fumée.

Pourquoi c’est trompeur

La saison des feux de brousse de 1974-1975 n’a rien de comparable avec les incendies actuels. On estime en effet que ces feux ont brûlé une surface de 117 millions d’hectares, soit onze fois plus qu’aujourd’hui. Pourtant, leur impact a été quasiment nul sur 97 % de cette surface.

En effet, les feux de 1974-1975 ont surtout touché les terres intérieures de l’île, couvertes de brousse et qui sont principalement des déserts où il n’y a quasiment aucune population humaine, comme le confirme Chris Dickman, chercheur spécialiste de la biodiversité dans ces régions arides de l’Australie à l’université de Sydney.

Dans ces régions reculées, « la seule végétation qui brûle à peu près est le triodia, ou herbe de hummock [une plante endémique d’Australie], qui atteint couramment un demi-mètre, parfois plus, et qui constitue souvent le seul couvert végétal du sol. Ces feux couvrent de grandes superficies mais ne sont pas très chauds. Vous pouvez à vrai dire longer un feu de triodia d’un petit mètre sans trop de problèmes. Si vous tentez la même chose avec un feu de forêt, vous seriez mort avant de vous approcher à moins de vingt mètres. »

Surfaces touchées par les feux de brousse en 1974-1975. En jaune sont présentées les zones où des feux de contrôle ont été déclenchés par les éleveurs.
Surfaces touchées par les feux de brousse en 1974-1975. En jaune sont présentées les zones où des feux de contrôle ont été déclenchés par les éleveurs. Bushfires in Australia (Luke & McArthur, 1978), p. 341, Csiro
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Des feux peu dangereux et de faible intensité

Ces feux sont fréquents : c’est pour cela que l’on désigne cette période comme la « saison des feux de brousse ». Ils font quasiment partie du cycle naturel de ces plantes – un cinquième de ces espèces de plantes ont même besoin du feu pour la germination de leurs semences.

Contrairement aux feux de forêt, ces feux de brousse ont une propagation très irrégulière et sont rapidement bloqués par les barrières géographiques naturelles (dunes, absence de végétation, etc.), ce qui les rend bien moins dangereux pour la vie animale et la biodiversité.

« Une autre différence est que la végétation brûlée dans ces feux de brousse se rétablira en quelques années. Si vous avez des précipitations abondantes après un tel feu, la végétation retrouvera son état précédent en cinq ans, et le couvert sera restauré », poursuit Chris Dickman.

Les incendies de 1974-1975 n’ont par ailleurs pas les mêmes causes, puisque ce sont les précipitations exceptionnelles de 1973-1974 qui, en favorisant la croissance de la végétation, puis son assèchement progressif, ont fourni une quantité inhabituellement grande de carburant aux feux, qui ont pu ensuite se propager largement à travers le désert.

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Mais à l’exception de certaines parties de Nouvelle-Galles du Sud qui ont été touchées (3,5 millions d’hectares ont été brûlés dans cet Etat en 1974, comparé aux 5 millions en 2019-2020), le reste des feux de brousse est passé relativement inaperçu. « Les feux de 1974-1975 n’ont quasiment pas eu d’impact et le gros des dommages a été détecté par images satellites après ceux-ci », a ainsi indiqué à la presse australienne Stephen Pyne, professeur émérite à l’université d’Etat de l’Arizona et historien de l’environnement spécialisé dans l’histoire des feux. Un rapport du Csiro (l’organisme australien de recherche scientifique) publié en 1978 indique que « très peu de bâtiments ont été détruits par ces feux », notant que « 80 % des pertes financières des régions arides ou semi-arides viennent possiblement des destructions de clôtures ».

« L’étendue d’un feu n’a que peu d’importance. Ce qui rend un feu important sont ses conséquences culturelles », estime pour sa part Stephen Pyne. Contacté par Le Monde, le chercheur confirme que « les feux de 1974-1975 n’ont eu que peu d’impact ». « Les feux de 2019-2020 ont en revanche tué des gens, détruit des maisons, ravagé des réserves naturelles et des parcs, pollué des villes. (…) Il y aura des enquêtes officielles, des ouvrages et des documentaires, des programmes de recherche, des mémoriaux, etc. Cette saison des feux va entrer dans les livres d’histoire. »

Un constat que partage Chris Dickman. « Ce sont donc des feux très différents sur tous les aspects des feux de forêts auxquels nous assistons, et qui sont sans précédent en termes d’échelle, de gravité et d’impact sur la vie animale », estime-t-il.



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