la Russie de nouveau au bord du gouffre

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Rusada, l’agence russe antidopage, a été réintégrée par l’AMA il y a tout juste un an.
Rusada, l’agence russe antidopage, a été réintégrée par l’AMA il y a tout juste un an. Maxim Shemetov / REUTERS

Moscou a-t-elle commis l’irréparable et voulu, une fois de plus, contourner les règles de l’Agence mondiale antidopage (AMA) ? Un an après avoir réintégré la Russie sous les huées, l’AMA a annoncé, lundi 23 septembre, avoir ouvert une procédure à son encontre, soupçonnant une infraction au pacte qui les lie. Par ce geste, elle rouvre un feuilleton qui pollue le sport mondial depuis bientôt cinq ans et place la Russie sous la menace d’une nouvelle suspension et d’une absence aux Jeux olympiques de Tokyo.

La crise semblait s’être achevée lorsque, en janvier, la Russie avait remis, avec un peu de retard, l’ensemble des données informatiques des instruments d’analyse du laboratoire antidopage de Moscou, entre 2012 et 2015. Avec ces données, l’AMA et les fédérations internationales allaient pouvoir sanctionner plus d’une centaine de sportifs russes pour leur participation au dopage institutionnel ayant eu cours au début de la décennie.

Mais, après plusieurs mois d’analyses, les experts informatiques de l’université de Lausanne mandatés par l’AMA ont constaté de nombreuses incohérences entre ces données et celles obtenues précédemment, grâce à des lanceurs d’alerte au cœur du laboratoire. Mentionnées pour la première fois en juillet, ces anomalies n’ont toujours pas trouvé d’explication.

Le 17 septembre, l’AMA a ouvert « une procédure formelle de conformité à l’encontre de Rusada (l’agence russe antidopage) » et donné trois semaines à l’agence russe et au ministère des Sports pour expliquer ces incohérences.

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« Un certain nombre de points qu’on ne s’explique pas »

« Il y a des incohérences au niveau des données électroniques. Pas seulement avec le LIMS (base de données qui recense les contrôles du laboratoire entre 2012 et 2015, N.D.L.R.), c’est plus vaste que cela, dit au Monde Olivier Niggli, directeur général de l’AMA, qui reste volontairement flou. Les enquêteurs “forensic” ont cherché des explications depuis juillet, mais il y a un certain nombre de points qu’on ne s’explique pas. »

« Il y a déjà eu des réunions avec les experts russes il y a quelques semaines et Iouri Ganus (directeur de Rusada) est au courant. Mais cela ne concerne pas vraiment l’agence russe, puisque ce n’est jamais elle qui a été en charge de ces données. »

Il faut comprendre que si manipulation il y a eu, c’est le fait de l’Etat russe, dont la main est partout depuis l’origine de cette affaire : la dissimulation des cas positifs, les négociations avec les instances (Comité international olympique et Agence mondiale antidopage), la pression sur les fédérations internationales, le piratage d’ordinateurs pour accéder aux échanges d’e-mails et discréditer l’AMA, et même, soupçonnent certains, la mort subite, à deux semaines d’intervalle, de deux anciens dirigeants de RUSADA, en 2016.

« Nous avons appris que les données transmises à l’AMA par un informateur sont quelque peu différentes de la copie que les experts de l’AMA ont obtenue de Moscou en 2019, a commenté le ministre russe des sports, Pavel Kolobkov, dans un communiqué. Des experts des deux côtés, déjà en contact, vont voir à quoi sont dus ces écarts. Nous continuons d’aider par tous les moyens possibles. »

La manipulation que tout le monde craignait

Compte tenu des extrêmes atteints par la Russie pour protéger ses sportifs depuis une décennie, beaucoup d’observateurs soupçonnaient que, avant de transmettre 20 térabytes données pouvant provoquer une vague de suspensions, Moscou et ses experts informatiques soient tentés de les falsifier.

« Il serait très compliqué de falsifier des documents individuels, mais nous ne sommes pas naïfs », disait en janvier le chef du service d’enquêtes de l’AMA, Günter Younger, ancien de la police allemande spécialisé dans le crime organisé et le trafic de stupéfiants. Il se disait également confiant dans la possibilité de mettre en évidence une éventuelle manipulation.

Iouri Ganus, joint dimanche par le New York Times, n’a pas exclu la possibilité que les données aient été manipulées, lui qui lutte pied à pied avec le ministre des sports, Pavel Kolobkov, pour faire évoluer le système russe : « J’espère toujours, mais je vis dans un pays où nous devons être préparés à toutes les situations », a-t-il dit.

Olivier Niggli serait-il davantage surpris que la Russie ait tenté d’envoyer des données falsifiées ? « Je serais déçu, répond-il. Je peine à comprendre si cela a été fait alors qu’il y avait opportunité de tourner la page. »

Recommandation attendue en octobre

Au moment de valider la réintégration de Rusada, il y a un an, le comité indépendant de conformité (CRC) avait déjà prévenu de son intransigeance si une manipulation était avérée. Son président, l’avocat britannique Jonathan Taylor, avait « tenu à ce que l’éventualité soit écrite noir sur blanc dans la recommandation faite à l’AMA ».

De fait, le texte prévoyait que, dans cette éventualité, elle demanderait la mise en non-conformité de l’agence russe et proposerait les conséquences les plus sévères. C’est-à-dire « très probablement » l’interdiction pour la Russie d’accueillir un championnat du monde, quel que soit le sport, pour une période donnée, et l’absence de tout athlète, entraîneur ou officiel sous la bannière russe aux Jeux olympiques et paralympiques de 2020, comme ce fut le cas aux JO d’hiver 2018.

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A moins que la Russie ne parvienne à expliquer les incohérences constatées, le CRC devrait faire une recommandation en ce sens à l’AMA au mois d’octobre. Cette dernière ferait alors une proposition de sanction à la Russie.

Olivier Niggli envisage déjà que l’affaire finisse devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) dans l’hypothèse, probable, où la Russie conteste la sanction imposée par l’AMA. « Les sanctions possibles sont définies par le standard sur la conformité. Il appartiendra au TAS de déterminer leur gravité », dit le Suisse.

Si tel est le cas, le feuilleton russe connaîtra, en 2020, une sixième saison. Dont on connaît déjà les uniques gagnants : les avocats en droit du sport, qui lorgnent vers un nouveau passage devant le TAS, à Lausanne.

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