la revanche de la Chine

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Publié aujourd’hui à 20h51

Feiyu Xu se souvient très bien où elle était le 08/08/08 à 8h08 du soir. Elle se rappelle encore mieux la veille, le 7 août, lorsqu’elle avait eu le privilège d’assister, avant tout le monde, à la répétition de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, dans ce « nid d’oiseau » à nul autre pareil, le stade de Pékin inspiré par l’artiste Ai Weiwei, construit pour l’occasion. Bien sûr, la répétition ne réunissait pas tous ces « 8 », choisis par les autorités pour faire coïncider le début de la cérémonie avec le chiffre porte-bonheur des Chinois. Mais même sans les 8, c’était pour elle, qui vivait en Allemagne depuis seize ans, une expérience très forte ; elle s’était sentie, nous dit-elle aujourd’hui, « profondément touchée » par l’architecture du stade, par le spectacle et par « ses références à la culture chinoise, créatives, magnifiques ».

Ce traitement de faveur, Feiyu Xu l’avait dû au fait d’avoir mis au point, au sein de l’Institut de recherche sur l’intelligence artificielle (DFKI) où elle travaillait, à Sarrebruck, et en partenariat avec l’Académie des sciences chinoise, un prototype de smartphone, le Compass 2008, qui permettrait aux touristes étrangers présents à Pékin pour les JO de traduire directement en chinois leurs questions à un chauffeur de taxi ou à un serveur de restaurant, restaurant que ce smartphone les aiderait, d’ailleurs, à trouver.

C’était il y a onze ans. Cette innovation avait valu à la jeune chercheuse, native de Shanghaï, les honneurs du journal Global Times, la voix du Parti communiste chinois. Les médias nationaux aimaient mettre en valeur des gens comme elle, partis étudier à l’étranger, voire y faire carrière, mais sans couper les ponts avec leur pays, et prêts, à l’occasion, à lui faire bénéficier de leur science. Après les JO, Feiyu Xu a regagné l’Allemagne. Sa trajectoire, d’une certaine manière, est en parfaite harmonie avec celle de son pays : la jeune femme et la Chine post-maoïste ont mûri en même temps. Et l’année 2008 fut, de ce point de vue, une étape importante dans leur évolution.

Un cap franchi en 2008

Professionnellement, Feiyu – « Dr Xu », selon son titre allemand – était alors à mi-parcours. Lorsqu’elle raconte sa vie, cette femme fine et vive, toujours au bord de l’éclat de rire, évoque surtout « la chance » qui, à l’en croire, en jalonne chaque épisode : chance d’être admise en 1987, sans même passer le bac, à la prestigieuse Université Tongji, fondée en 1907 à Shanghaï par des savants allemands ; chance d’y avoir « étudié Kafka », enseigné par des professeurs allemands, car Volkswagen avait une usine pas loin et finançait des chaires à Tongji ; chance d’avoir pu partir faire un master à l’université de la Sarre ; chance d’avoir rencontré, un jour dans un bus, un Allemand qui étudiait la sinologie à l’Université Humboldt et qui l’aborda en chinois, puis lui parla avec passion de la linguistique informatique – non, s’esclaffe-t-elle, elle ne l’épousa pas, elle avait « une face de lune » à l’époque. Elle ignorait ce qu’était la linguistique informatique, « parce que ça n’existait pas encore en Chine », mais l’inconnu du bus devint son ami et lui communiqua sa passion, à tel point qu’elle demanda à changer de master à l’université.

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