« La résolution, historique, d’émettre une dette européenne mutualisée sur les marchés financiers est le signal que quelque chose a changé »

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Tribune. Dans ses Mémoires, Jean Monnet (1888-1979) écrit que « l’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises » (Mémoires, Fayard, 1976). Dans les faits, ces vingt dernières années, c’est uniquement au bord du précipice que l’Union européenne (UE) a su trouver un consensus, in extremis, et toujours dans la douleur.

De prime abord, la gestion de la crise sanitaire par l’Union peut donner l’impression que là encore, nous n’avons pas échappé à cette loi d’airain. Mais cela vaut la peine de regarder dans le détail. Il apparaît alors qu’une chose majeure vient de se produire : le retour de la politique dans l’arène européenne. Un retour qui permet d’avancer fortement, sans catastrophe imminente.

Il n’a pas fallu attendre que la survie de l’Union soit en jeu pour se mettre en mouvement, contrairement, par exemple, aux différents épisodes qui ponctuèrent le règlement, sur plusieurs années, des conséquences financières de la crise de 2008, jusqu’au climax du référendum grec de l’été 2015.

Signal que quelque chose a changé : la résolution, historique, d’émettre une dette européenne mutualisée sur les marchés financiers. Dans un monde complètement financiarisé, l’incapacité d’endettement de l’UE faisait d’elle un nain politique face aux autres puissances, dont l’endettement est possédé par les investisseurs d’autres puissances et crée des liens complexes de dépendance mutuelle.

Une percée sans tragédie

Dans l’affrontement qui l’oppose à Washington, Pékin, premier créancier des Etats-Unis, ne peut aisément liquider ses bons du Trésor américain en guise de rétorsion. Une puissance qui émet de la dette et qui réussit à la vendre est une puissance qui prend conscience de sa valeur.

En se projetant dans la perspective d’émettre une dette « mutualisée » sur les marchés financiers, l’Europe s’est dotée d’un outil de souveraineté inédit. Ce n’est pas encore fait, attendons le conseil européen du 19 juin, mais il y a des chances que l’initiative franco-allemande aboutisse.

Comment une telle percée a-t-elle pu être réalisée, cette fois sans tragédie, fût-elle à la grecque (2015) ou à l’anglaise (2016) ?

Trois évènements géopolitiques favorables ont rendu possible cette orientation, et vont continuer de jouer dans les prochaines années.

D’abord, le Royaume-Uni, réticent à tout projet budgétaire susceptible de grever la suprématie financière de la City, a finalement amorcé en février sa sortie de l’Union. Pour Londres, deuxième place mondiale, il aurait été inenvisageable que l’UE émette de la dette dans une monnaie qui n’était pas la sienne, a fortiori en euro. Rappelons que le London Stock Exchange avait déplacé dès 2018 son trading obligataire [ses opérations] sur dettes européennes à Milan.

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