« La relation avec la Turquie met à rude épreuve la cohésion politique de l’Alliance atlantique »

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Tribune. La guerre en Syrie précipite l’avènement d’une nouvelle ère géopolitique, marquée par la fluidité des alliances sur fond d’une réévaluation des engagements militaires américains au Moyen-Orient. Le renoncement partiel des Etats-Unis à leur rôle de gendarme dans la région incite leurs alliés traditionnels à s’autonomiser et à muscler leurs politiques étrangères et leurs adversaires à tester leurs « lignes rouges » sur tous les fronts. En Syrie, le président Obama puis le président Trump, tous deux soucieux de mettre fin à deux décennies de « guerre contre le terrorisme », n’ont pas voulu voir les avantages diplomatiques d’un levier militaire qu’ils ont sous-traité à la Russie et à la Turquie, devenus les gendarmes régionaux. Ces deux puissances s’affrontent sur le terrain dans leur ambition de consolider leurs sphères d’influence respectives obligeant les Etats-Unis, les Européens et l’OTAN à prendre position.

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Washington voit dans la récente escalade des tensions turco-russes une occasion de faire revenir Ankara dans le giron otanien et de montrer les limites de son rapprochement avec Moscou. Mais ce retournement d’alliance sera en réalité difficile à opérer, car Ankara ne souhaite pas choisir entre la Russie et l’Occident et suit une trajectoire d’autonomisation vis-à-vis des Etats-Unis depuis la guerre en Irak de 2003. Les Etats-Unis devront de plus en plus composer avec des partenaires aux allégeances multiples et parfois contradictoires, et accepter les risques d’une désoccidentalisation de la gestion de crises que Washington a elle-même encouragée.

Impasses syriennes et libyennes

La relation avec la Turquie met à rude épreuve la cohésion politique de l’Alliance atlantique et constitue à long terme un défi fondamental : après la fin de la guerre froide, les Etats-Unis et la Turquie se sont efforcés de définir des intérêts communs. Mais le découplage s’est accentué après la guerre en Irak de 2003, puis avec le soutien américain aux milices kurdes en Syrie, qui a renforcé le sentiment, à Ankara, que les Etats-Unis étaient une force déstabilisatrice au Moyen-Orient et qu’ils ne reconnaissaient pas pleinement ses préoccupations légitimes en matière de sécurité, en particulier sur la question des réfugiés et sur le terrorisme. Ces désaccords ont incité Ankara à réévaluer sa relation avec Washington, à réduire sa dépendance et à diversifier ses alliances, en se tournant vers la Russie notamment. L’achat des S-400 est moins lié à son désir de s’aligner avec la Russie qu’à sa volonté de démontrer sa capacité à définir une politique étrangère plus indépendante des Etats-Unis, en se positionnant comme une puissance-équilibre.

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