La rédactrice en chef d’un site d’information critique du président philippin arrêtée

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Maria Ressa, dans le collimateur de Rodrigo Duterte depuis plusieurs mois, est poursuivie pour diffamation.

Par Harold Thibault Publié aujourd’hui à 18h51

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Maria Ressa, rédactrice en chef d’un site d’information critique du président philippin, a été arrêtée à Manille, le 13 février 2019.
Maria Ressa, rédactrice en chef d’un site d’information critique du président philippin, a été arrêtée à Manille, le 13 février 2019. Bullit Marquez / AP

Les officiers du Bureau national d’enquête sont venus arrêter Maria Ressa, mercredi 13 février, dans les bureaux du site d’information qu’elle dirige, Rappler, le média qui, depuis l’arrivée de Rodrigo Duterte à la présidence en 2016, a le plus enquêté sur sa politique, notamment sur les milliers de morts de sa guerre contre la drogue.

La journaliste, que le magazine Time a désignée parmi ses « personnalités de l’année » 2018, n’a pas vraiment eu l’air surprise. En décembre, elle a déjà dû payer deux fois des cautions devant deux cours différentes pour rester libre dans une affaire de fraude fiscale que le pouvoir a opportunément ouverte contre Rappler. En juin 2018, le président Duterte s’en était pris au site après la publication d’un article sur l’un de ses conseillers. Accusant le site de diffuser des « fake news », il avait lancé : « Vous ne balancez pas que du papier toilette, vous nous balancez de la merde à tous. » Quelques mois plus tôt, il accusait Rappler d’être financé par la CIA, sans la moindre preuve.

Cette fois, c’est une accusation de diffamation qui pèse contre Mme Ressa, pour un article publié en mai 2012 sur le président de la Cour suprême d’alors, dont Rappler affirmait qu’il utilisait des véhicules dont l’immatriculation était enregistrée au nom d’un homme d’affaires, accusé de liens avec le trafic d’êtres humains et de drogue. Le ministère de la justice avait recommandé son inculpation début février, sept ans après l’article, et en se fondant sur une loi sur la cyberdiffamation adoptée quatre mois après les révélations. Maria Ressa s’était alors étonnée que cette loi soit utilisée rétroactivement.

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« Réduire au silence les journalistes »

La journaliste devrait demander une libération sous caution dès jeudi. « Nous ne sommes pas intimidés. Le volume de poursuites en justice, de propagande obscure et de mensonges ne peut réduire au silence les journalistes philippins qui continuent de tenir bon. Ces acrobaties judiciaires montrent jusqu’où le gouvernement philippin peut aller pour réduire au silence les journalistes, notamment en ayant la bassesse de me faire passer la nuit en prison », a déclaré Mme Ressa.

Les défenseurs des droits de l’homme philippins voient en cette arrestation un nouveau signe de la détérioration de la démocratie dans leur pays sous Rodrigo Duterte, après l’assassinat d’au moins 34 avocats, le placement en détention d’une sénatrice critique et, surtout, une campagne contre les usagers et vendeurs de stupéfiants qui a fait des milliers de morts sans procès. Rappler s’est particulièrement démarqué dans le suivi de cette politique sanglante, qui a fait plus de 20 000 morts, selon certaines estimations, et a notamment publié à l’automne 2018 une série de cinq articles détaillant comment, dans le bidonville de Tondo au nord de Manille, la police, pour tenir ses quotas officieux d’exécutions, les sous-traite à un gang de tueurs à gage.

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