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A Minneapolis, la population noire étouffe sous le poids des inégalités économiques et sociales. Le revenu médian des ménages noirs n’y atteint pas la moitié de celui des ménages blancs (43,4 %). Leur taux de chômage (10,3 %) est trois fois supérieur à celui des Blancs (3,6 %) et le taux de propriétaires trois fois inférieur (25,4 % contre 75,3 %). Les Noirs ont 8,7 fois plus de risques d’être arrêtés pour des infractions mineures et représentent 60 % des personnes tuées par la police entre 2000 et 2018. Et pourtant, selon une étude Reuters portant sur 3 000 plaintes pour mauvaise conduite contre la police de Minneapolis entre 2012 et 2020, 9 sur 10 n’ont débouché sur aucune sanction disciplinaire.
Cette réalité statistique aide à comprendre pourquoi Derek Chauvin, qui avait lui-même fait l’objet de 18 plaintes dont 15 impunies, semble si calme pendant qu’il asphyxie George Floyd sous la pression de son genou, le 26 mai. Elle explique pourquoi la mort de cet homme noir a suscité une si vive colère et entraîné des révoltes dans tout le pays. En l’absence de données officielles fiables, c’est par le biais du mouvement Black Lives Matter, qui a gagné en ampleur après la mort de Michael Brown, à Ferguson en 2014, que le grand public a pu prendre conscience de l’étendue du problème : plus de mille personnes sont tuées par la police chaque année aux Etats-Unis, et près d’un quart d’entre elles sont noires.
Depuis, les militants pour l’égalité raciale ont contribué à rendre visibles ces violences policières et offert un cadre pour les penser. Les victimes sont médiatisées de manière à ne plus percevoir les incidents de manière isolée mais bien constitutifs d’un schéma qui se répète. Ils ont aussi mis en lumière les mécanismes structurels permettant de comprendre et d’expliquer ces violences policières : préjugés racistes, certes, mais aussi poids des syndicats de police, doctrines du maintien de l’ordre et politiques publiques telles que la guerre contre la drogue, impunité quasi systématique, recrutement et formation des agents.
Incident après incident, le mouvement Black Lives Matter s’est consolidé par la mise à disposition de ressources pour les militants et les manifestants, la mise en réseau des familles de victimes, la popularisation de concepts et de repères historiques. De plus en plus d’Américains comprennent désormais pourquoi les symboles confédérés glorifiant les sécessionnistes qui se sont battus contre l’abolition de l’esclavage sont offensants pour les Afro-Américains.
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