« La protestation collective au Chili fait écho à une actualité sociale planétaire »

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Comme en France lors de la crise des « gilets jaunes » et dans d’autres pays, les révoltés chiliens dénoncent la dégradation des services publics et s’en prennent aux symboles du « capital », soulignent les sociologues Emmanuelle Barozet et Ivan Sainsaulieu dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 00h49 Temps de Lecture 4 min.

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Manifestation à Santiago du Chili, le 24 octobre.
Manifestation à Santiago du Chili, le 24 octobre. CLAUDIO REYES / AFP

La violente déflagration sociale au Chili repose de façon explosive et exemplaire deux questions soulevées en France par les « gilets jaunes » à la fin de l’automne 2018 : qu’est-ce qu’un minimum de bien-être social et quelles en sont les dimensions morales et politiques ?

Ces dernières années, les enquêtes sociologiques sur les sentiments d’injustice ont montré la complexité et les ambivalences des principes de justice et de leur application au quotidien, notamment au travail, ou encore face à l’impôt ou à la valeur des diplômes.

Mais les demandes qui se formulent aujourd’hui conjointement à plusieurs endroits du globe, portées par divers mouvements de révolte, posent la question de la convergence de cette pluralité des sentiments d’injustice.

Certains présentent une causalité économique immédiate, comme dans le refus de nouvelles taxes ou face à la hausse des prix (France, Liban, Equateur, Chili) ; d’autres ont des causalités politiques, autour de revendications démocratiques (Venezuela, Algérie, Soudan, Egypte, Bolivie). Au Chili, comme en France en 2018, les révoltés dénoncent la dégradation des services publics et ils s’en sont pris aux symboles du « capital », dans le contexte local : le métro, de grands supermarchés, le siège d’un journal conservateur à Valparaiso, des concessionnaires automobiles, des portiques de paiement des autoroutes urbaines privées, des stations-service. Des pharmacies, aussi, car les médicaments ne sont pas remboursés et ils sont chers.

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Concentration des richesses et autoritarisme

Vindicte politique et économique ne s’excluent certes pas, car l’autoritarisme et la concentration des richesses sont des phénomènes intriqués : cette dernière est à la fois une conséquence du néolibéralisme et un facteur de dérives autoritaires.

Dans les démocraties, les présidents sont désormais parfois l’émanation directe du monde de la finance, à l’instar du président Donald Trump aux Etats-Unis, ou du président Sebastian Piñera au Chili. Les emportements « tweetés » de l’un font écho aux coups de menton de l’autre – ou encore, à un degré moindre, aux postures jupitériennes d’un Emmanuel Macron.

Certes, l’économie rentière monopolistique et le capitalisme familial accentuent les tendances autoritaires au Chili, où l’importance économique du cuivre reste centrale et où la droite conservatrice est prompte à décréter l’état d’urgence et le couvre-feu.

Alors qu’il s’agit d’un pays de niveau intermédiaire, avec une classe moyenne éduquée, le 1 % le plus riche de la population possède 30 % du produit intérieur brut (PIB) et accapare les postes de décision. La répartition des richesses après impôts étant pire qu’avant impôts, c’est donc un système régressif, où la couverture sociale, en grande partie privée, dépend de l’accès à l’emploi et du maintien dans l’activité.

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