la promo Covid-19 de la Villa Médicis

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Publié aujourd’hui à 13h44

Un soir qu’il admirait Rome du haut du Pincio en compagnie des pensionnaires, le directeur de la Villa Médicis s’est exclamé : « Voyez quelle belle ville, quel climat, quel beau ciel ! » L’un des pensionnaires, architecte, lui a répondu : « Oui, c’est un climat adorable, en effet : il est mort, hier, 200 personnes. »

Les jours qui ont suivi, le palais romain a fermé ses portes, cloîtrant les pensionnaires et le directeur entre ses murs. Ceux qui ont voulu partir n’ont pas pu : il était trop tard, le gouvernement n’autorisait plus les déplacements. Les journées se sont écoulées, lentes et moroses. « Tous les Romains se fuient les uns les autres, écrit le directeur. Nous faisons groupe à la Villa Médicis. Nous nous tenons comme des oiseaux effrayés, mais sans l’abri d’un grand arbre, jusqu’à ce que l’orage soit passé, vivant sobrement et le plus tranquillement possible. »

Ces scènes et cette conversation auraient pu avoir lieu il y a quelques semaines. Elles datent de l’été 1837. Le directeur de l’Académie de France à Rome est le peintre Jean Auguste Dominique Ingres et l’architecte inquiet, Charles Victor Famin. Cette année-là, une épidémie de choléra décime les grandes villes européennes et Ingres place la Villa Médicis et ses occupants en quarantaine pour échapper à la maladie.

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Près de deux siècles plus tard, la promotion 2019-2020 est la seconde à expérimenter un confinement à la Villa Médicis, cette institution française créée en 1666 et devenue au fil des siècles une résidence d’artistes qui accueille chaque année des créateurs de toutes disciplines. Sélectionnée sur dossier, la quinzaine d’élus ­dispose de douze mois de résidence pour créer une œuvre dans ce lieu à la beauté parfois qualifiée d’« écrasante ».

Comme tout le monde, les seize pensionnaires ont été surpris par le décret pris dans la soirée du 9 mars, trois jours après l’annonce de la nomination attendue depuis des mois du nouveau directeur de la Villa : Sam Stourdzé, qui dirigeait les Rencontres de la photographie d’Arles. Cette arrivée, qui ne sera effective que cet été, est rapidement passée au second plan face à l’énormité de ce qui se profilait : les mesures exceptionnelles qui s’appliquaient depuis peu aux ­millions d’Italiens vivant dans le Nord étaient élargies à tout le pays. Comme leurs prédécesseurs de l’année 1837, les pensionnaires étaient désormais enfermés entre les murs de leur palais.

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