« La postérité du plan de relance européen sera une affaire d’exécution »

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Angela Merkel et Emmanuel Macron, durant une conférence de presse conjointe en vidéo, le 18 mai.

Le virage est spectaculaire : en brisant d’un seul coup, et sans trop d’émotion, deux tabous bien ancrés, Mme Merkel a changé les termes du débat économique européen. Jusqu’à l’accord franco-allemand du 18 mai, c’était entendu : il n’y aurait ni financement des dépenses par émission de dette conjointe ni nouveaux transferts de solidarité entre Etats. La chancelière avait tenu cette ligne depuis la crise de l’euro, en 2011-2012. Elle a soudainement viré de bord.

Politiquement, c’est fondamental. Depuis mars, la question était posée : face à un choc violemment asymétrique – la mortalité induite par la pandémie s’étage de 1 à 100 entre pays de l’Union –, les responsables politiques allaient-ils assumer la solidarité envers les Etats les plus atteints, ou s’en défausser sur des organes techniques comme la Banque centrale européenne (BCE), dont ce n’est pas la mission, ou le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui ne peut faire que des prêts ?

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Il était plus facile de ne rien assumer. Mais c’était dangereux. Les marchés risquaient de perdre confiance en une BCE dépourvue de soutien explicite ; la Cour constitutionnelle allemande allait sûrement rappeler que des initiatives à caractère distributif doivent rester du ressort des Parlements ; et Matteo Salvini, le leader populiste, avait fait des prêts MES le symbole d’une vassalisation.

Volets financier et budgétaire

Heureusement, le courage l’a emporté. Les négociations continuent mais les grandes lignes du dispositif de réponse européen sont désormais connues. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a repris à son compte le plan Macron-Merkel et son projet fournira la base d’un compromis malgé les réticences des Etats « frugaux ». L’accord comportera un volet financier, constitué d’une série de mécanismes de prêts à long terme qui permettront à tous de payer peu ou prou le même taux d’intérêt, et un second volet qui prendra la forme d’un budget supplémentaire de l’ordre de 450 milliards d’euros sur 2021-2025. S’y ajouteront, pour les entreprises, garanties de crédit, soutiens à la solvabilité et appuis à l’investissement. L’ensemble sera financé par l’émission de dettes communes, dont le remboursement sera étalé sur une longue période.

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Restent trois questions : la réponse sera-t-elle suffisante ? Sera-t-elle adéquate ? Et augurera-t-elle de changements plus permanents ? Sur le premier point, il faut être réaliste. L’effort budgétaire européen s’élèvera à 3 points de PIB environ ; cela reste une fraction des 20 à 30 points d’endettement supplémentaire anticipés pour les Etats à l’horizon de la fin 2021 ; et cela risque de venir tard, car le gros des déboursements n’arrivera pas avant 2022. Certes, l’argent européen pourra prendre le relais des programmes nationaux lorsque ceux-ci commenceront d’être repliés. Mais l’urgence demeure, et il faut pousser les feux.

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