« La politique compte pour les investisseurs »

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« Aux Etats-Unis, l’enjeu de moyen terme est ailleurs : il est dans le degré de mobilisation de l’électorat afro-américain au prochain scrutin présidentiel de novembre » (Un trader à la Bourse de New York).

Beaucoup d’observateurs s’émeuvent de la divergence grandissante entre des marchés actions qui rebondissent et des économies qui s’effondrent. Le paradoxe est piquant mais ne devrait plus surprendre personne : conceptuellement, le niveau des marchés ne prétend pas refléter la tenue de l’économie, mais seulement lui donner un « prix ».

Or, dans une économie libérale, le prix de toute chose n’est rien de plus que le niveau où s’équilibrent l’offre et la demande. Dès lors que les banques centrales se chargent de gonfler la demande en se portant elles-mêmes acheteuses d’actifs financiers, à offre constante, les indices boursiers monteront.

Des marchés administrés par les banques centrales

Bien entendu, cela ne dit rien de la « valeur » intrinsèque des entreprises, ou des économies. Cela ne dit pas davantage de l’avenir de la demande (les banques centrales pourraient un jour cesser d’acheter), ni de l’avenir de l’offre (tous les porteurs d’actions pourraient un jour paniquer de concert au vu de l’écart entre leur jugement sur valeur et leur constat du prix, et submerger par leurs ventes les capacités d’achat des banques centrales).

Mais depuis plus de dix ans, tout observateur un peu attentif aura pu remarquer que le niveau des marchés actions est en effet littéralement administré par les banques centrales.

Qu’en est-il de l’influence de la politique sur les marchés ?

A court terme, force est de constater que la politique n’importe guère davantage que l’économie. Ces dernières semaines ont ainsi vu les Etats-Unis aux prises avec une flambée de violence civile et un regain de tensions géopolitiques avec la Chine. Mais ces secousses ont visiblement laissé de marbre les marchés actions américains, en hausse ininterrompue. Si les banques centrales peuvent annihiler les effets de l’économie réelle sur la Bourse, pourquoi ne pourraient-elles pas faire de même avec ceux de la politique ?

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Néanmoins, il en va différemment à moyen terme. La raison en est qu’à l’économie réelle et à l’intervention des banques centrales se joint un troisième facteur qui rend les autres opérants : la confiance.

Cette dimension, galvaudée entre toutes, est pourtant décisive pour les marchés financiers dans la durée. Un dirigeant politique comme un banquier central tient sa capacité d’agir de la crédibilité de ses objectifs, c’est-à-dire de la confiance de tous que ses actions auront les effets escomptés.

Levier de confiance

Ainsi, le plan de relance proposé par la Commission européenne n’est pas encore approuvé par les Parlements européens ni nationaux, et de toute façon ne rentrera en action qu’à partir de 2021, de façon très progressive, et ne représentera au total pas plus de 3 % du produit intérieur brut (PIB).

Par conséquent, dans l’immédiat, le salut de la zone euro continue de reposer principalement sur la Banque centrale européenne (BCE). Mais il n’empêche. Les marchés ont salué ce plan, avant même que la BCE renforce son soutien, parce qu’il est un puissant levier de confiance dans la stabilité à moyen terme de l’Union européenne.

L’intention politique de l’Allemagne, telle qu’exprimée aux côtés de celle de la France et reprise dans la proposition européenne, se voit adjuger un prix substantiel par les marchés au titre de la confiance renouvelée qu’elle inspire.

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Aux Etats-Unis, le président Trump a choisi, devant la multiplication des foyers de protestation dans le pays, de soutenir la primauté de « la loi et l’ordre » qu’il pense, peut-être d’ailleurs à juste raison, être la préférence d’une majorité d’Américains. Mais l’enjeu de moyen terme est ailleurs : il est dans le degré de mobilisation de l’électorat afro-américain au prochain scrutin présidentiel de novembre.

Si les évènements des dernières semaines produisent une mobilisation de cet électorat dans les Etats du Midwest, décisifs pour l’issue du scrutin, comparable à celui dont avait bénéficié Barack Obama à deux reprises, alors les investisseurs ne manqueront pas d’ajuster leurs portefeuilles en prévision d’un futur environnement économique, fiscal et réglementaire sensiblement différent de ce qu’il est aujourd’hui.

Tension géopolitique

Autre exemple : en Chine, la détérioration considérable de la situation de l’emploi ne semble pas préoccuper les autorités au point d’annoncer un plan de relance économique vigoureux. Les marchés d’ailleurs s’en contentent.

Le problème est que le risque d’instabilité sociale semble davantage traité par un appel à la fierté nationale. C’est en tout cas ce qu’il est tentant de lire dans la position très virulente adoptée à l’égard de Hongkong, dans la recrudescence de tensions avec l’Inde au Ladakh, et à travers le couloir économique Inde-Pakistan, ou dans le face à face avec la Malaisie et le Vietnam en mer de Chine. Ce choix de la tension géopolitique plutôt que du soutien économique pourrait devenir un obstacle pour la confiance à moyen terme.

En conclusion, la politique compte donc pour les investisseurs. Car si la volatilité de court terme qu’il lui arrive de provoquer peut souvent être ignorée, on aurait tort de la sous-estimer comme source potentielle d’inflexions majeures dans la durée.

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