La place Tahrir, le cœur battant de la contestation à Bagdad

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Baghdad, Irak, le 6/11/2019 

Des portraits de victimes des manifestations qui ont débuté en octobre sont affichés sur le

LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »

Par et Laurent Van der Stockt

Publié aujourd’hui à 05h03

Un drapeau irakien sur les épaules, un porte-étendard agite le blason de l’imam chiite Hussein, imprimé en lettres dorées sur fond noir. Du sommet du « restaurant turc », une tour désaffectée qui abritait autrefois un centre commercial et un restaurant panoramique, le jeune homme domine la place Tahrir, le cœur battant de la contestation à Bagdad. Dans son dos se trouvent les barricades du pont Al-Joumhouria, la voie d’accès à la zone verte, le secteur du pouvoir, confiné derrière des murs de béton et des rangées d’hommes en armes.

Il n’y a pas meilleur endroit que cette carcasse de béton, laissée à l’abandon après un bombardement en 2003 et désormais couverte de banderoles de revendications, de caricatures politiques et de photos de « martyrs », pour prendre le pouls de la mobilisation.

« Dégagez ! »

Quelques centaines, bientôt des milliers de manifestants se massent sur la place jusqu’à la nuit tombée quand s’illuminent, au fronton de l’immeuble de dix-huit étages, d’immenses lettres fluorescentes composant les mots « Dégagez ! » et « montagne d’Uhud ». C’est ainsi, en référence à l’une des batailles du prophète Mahomet, que les occupants de ce bâtiment stratégique l’ont rebaptisé depuis qu’ils en ont pris le contrôle, le 24 octobre au soir, à la veille d’une manifestation contre le pouvoir. Ils s’y sont installés avant que ne puissent le faire les forces antiémeute ou d’éventuels snipers, responsables de tant de morts lors de la première semaine de mobilisation, début octobre.

Depuis, la « montagne d’Uhud » est la place forte des opposants. « Ils nous attaquent parfois avec des grenades lacrymogènes et des bombes assourdissantes pour nous effrayer. On tient bon : si on perd l’immeuble, c’est la fin de la bataille », clame Hassan, un jeune diplômé de psychologie, actuellement au chômage, venu de la ville d’Hilla, dans le centre du pays, pour « faire le siège du gouvernement ».

Des centaines de manifestants occupent nuit et jour le « restaurant turc », un immeuble abandonné qui surplombe la place Tahrir, à Bagdad. Ici, le 7 novembre.
Des centaines de manifestants occupent nuit et jour le « restaurant turc », un immeuble abandonné qui surplombe la place Tahrir, à Bagdad. Ici, le 7 novembre. LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »

Sans la « montagne d’Uhud », il en irait de la survie de la « cité idéale » qu’ils ont façonnée à ses pieds. Devant le monument de la liberté, qui célèbre la révolution de 1958 des « officiers libres » contre la monarchie, sur le terre-plein central et dans les allées voisines de la vaste place Tahrir, coupée de la circulation, des tentes ont fleuri. « Ici, poursuit Hassan, tout est beaucoup mieux que tout ce que le gouvernement n’a jamais fait en seize ans », depuis l’invasion américaine de 2003, fatale au dictateur Saddam Hussein. Ils ont même installé l’électricité dans le « restaurant turc » et repeint ses murs.

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