La photographie au secours des torturés de la dictature sud-coréenne

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Une exposition au sein même d’une ancienne prison mêle les souvenirs des citoyens militants pour la démocratie arrêtés dans les années 1970 et 1980 et la mémoire de cette période sombre de l’histoire du pays.

Par Publié aujourd’hui à 01h58

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Devant la prison de Seodaemun où des militants pour la démocratie ont été torturés, à Séoul, ici en 2004.
Devant la prison de Seodaemun où des militants pour la démocratie ont été torturés, à Séoul, ici en 2004. LEE JIN-MAN / ASSOCIATED PRESS

LETTRE DE SÉOUL

Une amaryllis rouge sang se distingue sur un fond de verdure. « Elle a l’air si fragile. Je me suis vue en elle. Nous sommes tous impuissants, faibles. Mais regardez bien, n’est-ce pas aussi beau ? Les humains sont faibles, mais d’une certaine manière, ils sont également forts. »

Kim Sun-ja est intarissable sur ses photos. Il y a celle de l’amaryllis et d’autres, de ses enfants et petits-enfants, des frondaisons de ginkgos sous le soleil d’automne. La digne et solide grand-mère aux cheveux frisés noirs sourit de ce bouquet d’images dont la banalité s’efface derrière la sombre solennité du lieu où elles sont exposées et l’histoire qu’elles racontent.

Elles s’alignent dans une cellule aux murs couverts de contreplaqué vert pale, éclairée par de froids néons et où le jour peine à se glisser par une unique fenêtre à l’allure de meurtrière. Elles font partie d’une exposition titrée « Je ne suis pas un espion », présentée jusqu’au 17 novembre à Séoul, au Mémorial pour la démocratie et les droits de l’homme. Autrefois, ce bâtiment de briques gris sombre construit au bout d’une rue étroite, à deux pas de la gare de Namyeong, au cœur de la capitale sud-coréenne, abritait la division de la police chargée des enquêtes contre le communisme.

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Lieux de souffrances

Près de deux cents photos sont exposées au cinquième étage, celui des cellules où des centaines de militants pour la démocratie ont subi des simulations de noyade, des privations de sommeil, des chocs électriques et des coups. Elles sont le fruit d’un projet porté par Lim Jong-jin, photo-psychothérapeute. Ancien photographe du quotidien de centre gauche Hankyoreh, il travaille aujourd’hui avec des anonymes en souffrance, de Corée du Nord, du Cambodge ou d’Irak.

Il y a trois ans, il a voulu aider par la photographie les victimes de la torture dans son propre pays. « La photographie a le pouvoir de nous placer face à la réalité. Pour faire une photo, il faut “voir” et il faut “être”. C’est un bon outil pour une thérapie. » Il a convaincu sept victimes, dont Kim Sun-ja, passées par le centre de Namyeong du temps des dictatures de Park Chung-hee, au pouvoir de 1961 à 1979 puis de Chun Doo-hwan, président autoritaire de 1980 à 1987. Il leur a assigné l’objectif de s’approprier le lieu de leurs souffrances. « Au début, ils ne pouvaient même pas le voir. Il a fallu beaucoup de temps. Les progrès se sont faits par des photos de détails, un arbre devant le bâtiment, la ligne blanche sur le parking. »

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