La mort de Vladimir Boukovski, dissident soviétique et mémoire de la répression

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L’opposant s’était éveillé à la politique en 1956 à la suite de la publication du rapport Khrouchtchev. Après douze années d’emprisonnement, il est expulsé d’URSS en 1976. Il est mort le 27 octobre, à l’âge de 76 ans, en Grande-Bretagne.

Par et Publié aujourd’hui à 15h01

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Vladimir Bukovski, en 1987.
Vladimir Bukovski, en 1987. Ulf Andersen / Aurimages / Aurimages

Longtemps, il a rêvé d’un Nuremberg communiste. En vain. L’un des plus célèbres dissidents soviétiques Vladimir Boukovski, mort dimanche 27 octobre à l’âge de 76 ans, faisait partie de cette catégorie d’hommes incapables de vivre autrement qu’en résistant. Sa dénonciation de l’utilisation de la psychiatrie par le régime soviétique contribua au discrédit international de celui-ci et à sa chute. L’homme se mua ensuite en un critique inlassable de Vladimir Poutine.

« Il me disait, qu’est-ce qu’il nous reste à part notre honneur ? Poutine a ruiné tous les espoirs, c’était pour lui une très grande déception », témoigne Galia Ackerman. L’écrivaine naturalisée française qui travailla avec lui dans les années 1980 décrit ce grand solitaire comme un « homme brisé par le fait que lui et tant d’autres ont donné leur vie et leur santé pour voir émerger, finalement, cette Russie d’aujourd’hui ».

Né le 30 décembre 1942 dans l’Oural, dans une famille de communistes fervents, Vladimir Boukovski racontera s’être éveillé à la politique en 1956, à l’âge de 14 ans, en entendant les premiers échos du rapport Khrouchtchev sur les crimes du stalinisme, et ceux de l’insurrection de Budapest, matée dans le sang.

Combat l’instrumentalisation de la psychiatrie

Quatre ans plus tard, le jeune homme commence sa carrière d’opposant « têtu », selon son propre mot, en organisant des lectures poétiques au pied de la statue Maïakovski, à Moscou. Son expulsion de l’université ne sera alors qu’un prélude à une vie remplie de condamnations. Au total, le dissident passera douze ans en prison, en hôpital psychiatrique ou en camp de travail, sans jamais se résoudre à se taire.

Dès 1962 lui est accolé le diagnostic de « schizophrénie à évolution lente », une trouvaille de la psychiatrie soviétique

Dès 1962 lui est accolé le diagnostic de « schizophrénie à évolution lente », une trouvaille de la psychiatrie soviétique qui ne sera jamais reconnue par aucune instance médicale internationale. L’année suivante, il est envoyé pour deux ans en hôpital psychiatrique.

L’instrumentalisation de la psychiatrie par le régime soviétique deviendra dès lors le grand combat de la vie du dissident, relaté en particulier dans son Manuel de psychiatrie pour les dissidents (1973), l’un de ses nombreux ouvrages. Cette utilisation de la médecine s’appuyait sur l’idée, défendue notamment par Nikita Khrouchtchev, que seul un fou peut refuser la perspective du paradis soviétique. La transformation des hôpitaux en lieu de détention et de torture – notamment par l’administration de traitements débilitants – fut ensuite mise en œuvre par le patron du KGB, Iouri Andropov.

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