La mort de Philippe Daverio, critique d’art franco-italien

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Jeudi 3 septembre, des centaines de Milanais se sont rendus à la chapelle ardente installée dans le salle de la Passion de la pinacothèque de Brera, en plein centre de la ville, pour y saluer le critique d’art franco-italien Philippe Daverio, mort, la veille, à l’âge de 70 ans. Sur le cercueil, trois objets avaient été disposés : sa légion d’honneur, ses sempiternelles lunettes rondes et le nœud papillon qui, pour le grand public, était devenu sa marque. A sa manière, chacune de ces trois reliques racontait une facette de cet intellectuel original, qui luttait depuis des années contre la maladie.

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La Légion d’honneur, décernée en 2013, était là pour rappeler son attachement à la France, qui l’a vu naître, le 17 octobre 1949, à Mulhouse (Haut-Rhin), d’une mère alsacienne et d’un père italien. L’alsacien était sa véritable langue maternelle et, après une scolarité en français, il n’a vraiment appris l’italien qu’à son arrivée en Italie, à l’adolescence, alors qu’il étudiait à l’école européene de Varèse (Lombardie), non loin de la frontière suisse.

Si cette décoration lui tenait tant à cœur, c’est aussi parce qu’elle était une création de Napoléon Bonaparte, qui faisait l’objet d’un véritable culte familial – son père se prénommait Napoleone. Il travaillait encore, jusqu’à ces derniers jours, à un essai consacré à l’homme qui a voulu faire de Milan la capitale du royaume d’Italie. L’ouvrage devait paraître en 2021.

Curiosité insatiable

Les fines lunettes rondes rappellent, elles, une vie de travail ininterrompu, dans laquelle le coup d’œil a eu une importance capitale. A la fin des années 1960, alors qu’il est inscrit à l’université Bocconi de Milan, Philipe Daverio commence, avec son frère, à vendre des objets d’art entre l’Alsace et l’Italie.

Plusieurs bons coups lui permettent de s’installer dans le centre de Milan, et d’y ouvrir une galerie, à 26 ans. Là, il se spécialise dans la verrerie italienne du début du XXe siècle, totalement passée de mode. « J’achetais les objets dans des dépôts-ventes où ils étaient étiquetés en lires des années 1930, avec des lires des années 1970, et je les revendais encore plus cher… », racontait-il avec gourmandise.

« Ce n’est pas moi qui étais léguiste à l’époque, c’est la Ligue du Nord qui était “davérienne” », plaisantera-t-il plus tard

Au début des années 1980, il ouvre une seconde boutique à New York et élargit peu à peu ses horizons. « Ce qui était frappant chez lui, c’était sa curiosité insatiable, je dirais même bestiale », se souvient son ami Carlo Orsi, grande figure du monde des antiquaires milanais, qui l’a côtoyé durant quarante ans. En autodidacte, il publie notamment de savantes monographies sur les peintres Gino Severini et Giorgio De Chirico.

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