La mort de Jacques De Decker, romancier et journaliste belge

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Jacques De Decker, en juin 2019.
Jacques De Decker, en juin 2019. Laurent Denimal / ©DENIMAL/Opale via Leemage

Mort dans un taxi bruxellois qui l’emmenait vers un hôpital : décédé d’une crise cardiaque, Jacques De Decker aurait beaucoup aimé ce titre. Cet intellectuel féru de tout, mort le 12 avril n’aurait, en revanche, guère goûté l’idée qu’il serait le héros de cette histoire. Car ce touche-à-tout qui n’en était pas un, mais plutôt un talent totalement éclectique, n’imaginait vraiment pas que la vie puisse s’arrêter à 74 ans. « C’était une personnalité insatiable », a dit de lui la ministre belge de la culture au sein du gouvernement de la communauté française.

Sa carrière aux nombreuses facettes (romancier, traducteur, acteur, metteur en scène, journaliste, enseignant, académicien…) a démarré comme elle s’est achevée : sur les chapeaux de roue. A 18 ans, ce fils d’un peintre et d’une enseignante, créait déjà un théâtre à Bruxelles et y jouait M. Martin, dans La Cantatrice chauve. Etudiant en langues germaniques à l’Université libre de Bruxelles, il mêlait sa parfaite maîtrise des trois langues nationales belges (le français, le néerlandais et l’allemand) à sa passion précoce pour la culture en réalisant notamment un mémoire de fin d’études sur le grand auteur flamand Hugo Claes, l’auteur du Chagrin des Belges.

La Belgique, « sauvée par l’imagination »

Entre l’auteur et son sujet il y avait déjà, sans doute, une commune défiance pour la religion et les questions identitaires, ainsi qu’une interrogation fondamentale sur le sens de cette étrange Belgique, « pays le plus imaginaire du monde, sauvé par l’imagination », ainsi que l’écrivait De Decker. Tout au long de sa vie, il aura d’ailleurs tenté d’explorer ce qu’il appelait « l’angoisse existentielle à forte composante linguistique » de ce pays qui, à l’instar de beaucoup de ses concitoyens, le fascinait autant qu’il l’horripilait.

Il était animé par le même sentiment à l’égard de la politique, un virus qui avait contaminé son frère cadet, Armand, ministre, président du Sénat et maire d’Uccle. Avocat aussi, dont la fin de carrière allait s’abîmer dans un scandale, le « Kazakhgate », avant qu’il décède en juin 2019. Un épisode qui allait fortement marquer son frère qui, pour l’occasion, avait perdu son éternel sourire.

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La politique et son théâtre, Jacques De Decker préférait généralement en faire une farce malicieuse. Contribuant à des revues de l’Université de Bruxelles (La Belgique malgré tout en 1980, et Belgique toujours grande et belle, en 1998), il imaginait successivement un vol de la Constitution élucidé par Maigret et Tintin, puis parodiait « Zanluc », Jean-Luc Dehaene, le premier ministre de l’époque, pour conclure que, pour gouverner ce royaume improbable, il fallait décidément en appeler à la caricature, ce que ce dirigeant avait, selon le romancier, bien compris, recourant à « la plus subtile des ruses ».

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